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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 24 novembre 1858, mercredi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon pauvre petit piocheur, bonjour mon divin porte-faix, bonjour, comment vas-tu ce matin ? Es-tu un peu reposé de ton excès de fatigue d’hier ? J’ai grand peur que non, vu tes habitudes de travail invétérées. Cependant, mon pauvre bien aimé, ce serait manquer de raison et de prudence que de pousser ton droit au travail au-delà de la limite de la force humaine, plus forte chez toi que chez aucun autre, j’en conviens, mais qui, en fin de compte, a sa limite aussi. Je crois que je parle d’or mais tu n’en agiras ni plus ni moins que si je disais les plus grandes folies. Je sais cela et je m’en tourmente, sachant que toutes les témérités, même celles du génie, aboutissent toujours à un affreux casse-cou. Du reste, il fait un temps à mettre un sénateur à la porte. Il tombe un petit verglas incisif et pénétrant qui engourdit jusqu’à la pensée. C’est peut-être à ce temps-là que je dois attribuer le non succès de mes pilulesa. Jusqu’à présent je n’en [ai] ni vent ni nouvelle. Il serait bien absurde qu’elles se fissent sentir juste au moment de nous mettre à table ce soir. J’en ai une peur de chien. En attendant je regarde votre cher petit look outb dans lequel vous êtes blotti jusqu’aux yeux et je prie Dieu de te garder de tout mal, mon cher cher cher adoré.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 329
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « pillulles ».
b) « lucoot ».

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