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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 13 août 1858, vendredi matin, 7 h.

Bonjour, mon Victor bien-aimé, bonjour de tout mon cœur et avec la joie de ta guérison de plus en plus certaine. J’espère que ta nuit aura été aussi bonne que ta journée d’hier et que tes forces et ta santé continueront aujourd’hui leur victorieuse ascension, sans le secours de rien et de personne grâce à ton admirable constitution. Quant à moi, je ne me lasse pas de pousser à ta cinquième roue de tout mon amour et de toute mon âme, absolument comme si je pouvais t’aider beaucoup dans cette œuvre de résurrection bénie. Cette bonne volonté de tout mon être ne me tiendrait pas lieu du fait si Dieu ne s’était pas mêlé de l’accomplir. Aussi ma prière et ma reconnaissance envers lui sont infinies comme mon bonheur. J’ai bien regretté de t’avoir entretenu hier de toutes mes petites tracasseries passées. Je crains que cela ne t’ait contrarié et j’en aurais bien des remords. J’attends avec impatience que tu viennes m’apporter toi-même de tes chères nouvelles pour me tranquilliser sur mon stupide bavardage en te voyant bien portant et heureux. Jusque-là, je m’en veux, je t’aime et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 226
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 13 août 1858, vendredi matin, 11 h. ¾

Je n’aurai pas la même chance aujourd’hui qu’hier, mon pauvre cher adoré, je ne le sais que trop, mais j’espère que, sachant que je ne peux pas te revoir dans la soirée, tu tâcheras de venir de bonne heure tantôt pour que j’aie le bonheur d’être avec toi un peu plus longtemps. Dans cette espérance, je vais me hâter de me débarrasser de mon ménage pour être tout entière à toi. J’espère encore que Quesnard aura tenu à cœur de se bien comporter hier au pique-nique et qu’on n’aura eu aucun esbroufea à subir de son esprit… de-vin [1]. En attendant le récit de la fête, je me souviens avec joie de notre modeste petit dîner hier et je recueille avec amour la moindre petite miette de notre doux et intime petit bonheur. À bientôt, mon cher bien-aimé, si tu le peux toutefois sans manquer à l’hospitalité et à la fraternité. Je t’attends tout âme dehors.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16379, f. 227
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « esbrouffe ».

Notes

[1Jeu de mots sur l’ivrognerie de Kesler.

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