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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 août 1858, jeudi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon bon cher petit homme, bonjour, ne te réveille pas car il fait un brouillard hideux et infect qui pourrait te faire mal. Dors bien, mon cher bien-aimé, prends des forces et de la santé pour toute la durée de ton nouveau bail de vie dont tu viens de payer si chèrement l’enregistrement à Dieu. Je doute qu’on puisse faire chez toi le fameux pique-nique aujourd’hui, et je le regrette autant pour ceux que cela amuse, que pour moi qui devais profiter de l’occasion pour t’avoir une fois de plus dans mon petit lucoot. Je sais bien que cela n’est que partie remise mais je suis de la grande école philosophique : un bon tiens vaut mieux que deux etc., mais comme je n’ai pas le choix, je tâche de me conformer à la circonstance en conservant l’espérance de te donner bientôt un bon petit dîner dans mon cabinet très particulier. Jusque-là, je t’aime à plein bords et par dessus mon âme. Juliette

BnF, Mss, NAF 16379, f. 224
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 12 août 1858, jeudi matin, 11 h. ½

Je m’étais accoutumée à la visite quotidienne du bon docteur [1] venant m’apporter tous les matins le bulletin de ta chère santé, mon doux bien-aimé, mais il n’est pas venu aujourd’hui, et j’en suis toute désorientée, quoique je sache que tu vas très bien et que tu ne peux aller que de mieux en mieux chaque jour. Mais cette espèce d’affirmation de L’AUTORITÉ m’était si agréable que je ne peux pas m’empêcher de la rapporter tout en reconnaissant que le bon docteur a poussé la complaisance et la bonté jusqu’à ses dernières limites envers moi. J’ignore si le pique-nique de ta maison se fera aujourd’hui et je n’ose pas rien faire acheter sans certitude pour le dîner car je ne veux pas compliquer ma déconvenue par une dépense inutile au cas où ton goum ne voudrait pas se déplacer. J’attends que tu viennes me tirer de mon incertitude. Tâche que ce ne soit pas trop tard pour que Suzanne ait le temps de se retourner. Et à ce sujet, je te dirai que je n’ai pas invité Kesler hier, pensant qu’il est du festival. Dans le cas contraire, il sera, je pense, très facile de nous l’adjoindre si tu le trouves agréable. Quant à moi, je veux tout ce que tu veux, trop heureuse de conformer mes goûts au tien.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 225
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Barthélémy Terrier, attentionné pour Juliette, lui a donné pendant des semaines des nouvelles quotidiennes de Hugo quand il était cloué au lit par l’anthrax.

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