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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 16 février 1879, dimanche matin, 7 h.

Cher bien-aimé, ceci est le BON-JOUR par excellence qui résume à lui seul, ce matin, tous les tendres et ardents bonjours, non interrompus, que je t’ai donnésa depuis quarante-six ans [1] aujourd’hui. En l’honneur de ce doux anniversaire j’ai passé une partie de ma nuit à relire toutes les adorables pages écrites par toi à cette date tous les ans. J’espère que, cette fois encore, tu feras le même honneur à ce pauvre vieilb amour que rien n’a pu affaiblir, ni l’âge, ni les épreuves douloureusesc de la vie. Dès qu’il fera jour chez toi, je te porterai mon précieux livre rouge pour que tu le consacresd à nouveau. Mes yeux, mes lèvres, mon cœur, mon âme se délectent d’avance de cette nouvelle Eucharistie d’amour qu’ils attendent de toi. Sois béni ! je t’aime ! je t’adore !

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 49
Transcription de Chantal Brière
[Pouchain]

a) « donné ».
b) « viel ».
c) Le mot « épreuves » est écrit et raturé à la suite de l’adjectif « douloureuses ».
d) « consacre ».


Paris, 16 février 1879, dimanche soir, 5 h.

Cher grand bien-aimé, j’ai le cœur si plein de saintes extases que me cause l’adorable lettre [2] que tu m’as écrite tantôt que les mots me manquent pour les exprimer. Je sens en moi comme les battements d’ailes de mon âme prête à s’envoler vers Dieu pour y mettre plus en sûreté ton sublime amour afin qu’aucune profanation ne puisse en approcher. Pendant le temps que tu as encore à passer sur la terre pour y achever ton œuvre bénie de civilisation et de rédemption, mon adoration ose à peine admirer la grandeur de ton génie et de ta bonté plus grande encore si c’est possible. Tout mon être vibre dans une sorte d’ivresse divine que les anges éprouvent peut-être quand il leur est donné de s’abreuver à la source intarissable de l’éternel amour. Cher adoré, je sens que je pers pieds dans mon bonheur étoilé pour m’être trop éloignée de la terre et j’y reviens bien vite pour ne pas tomber de trop haut. Ma place est à tes pieds et je veux y rester jusqu’à ce tu m’emportes avec toi sur tes grandes ailes au ciel quand Dieu te permettra d’y retourner. Je te souris, je t’aime, je t’adore et je te bénis de toute mon âme.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 50
Transcription de Chantal Brière
[Souchon, Pouchain]

Notes

[1La nuit du 16 au 17 février 1833 est la date sacrée de leur amour que célèbre le Livre rouge chaque année.

[2Lettre dans laquelle Hugo lui écrit : « Je te garde pour l’éternité, je te garde pour la vraie vie, je te garde pour l’éternel amour. » (Massin, CFL, t. XV-XVI/2, p. 608).

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