22 février 1849

23 février 1849

22 février [1849], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon Toto, bonjour cher petit homme. Comment que ça va ce matin ? Moi je vais bien et ma chère petite lettre aussi. Je l’ai couchée avec moi, nous nous sommes tenu compagnie mutuellement. Je ne sais pas si elle est aussi contente de moi que je le suis d’elle, mais je t’assure que je n’ai rien à lui reprocher si ce n’est sa petitesse et son exiguïté. Mais je lui pardonne sa petite taille en raison de sa gentillesse, de sa douceur, de sa bonté et de son adorable caractère. À quelle heure êtes-vous rentré hier au soir, mon cher petit révolutionnaire ? Je suis sûre que vous m’en avez donné à garder hier avec cette réunion électorale. J’aime mieux Chaumontel ou le carabinier de Charles qui n’est pas amusant pourtant. Cela vous évitera des frais d’imagination et à moi aussi. Vous comprenez qu’autrement je ne sais plus où je suis. Il faut que je cherche, que je me fatigue l’esprit tandis que l’affaire Chaumontel, la mairie, la garde nationale de Charles, tout cela me connaît et cela va tout seul dorénavant. Je ne veux pas que tu changes rien à ce programme que j’ai adopté, auquel je suis habituée et qui ne me trompe jamais. C’est convenu, n’est-ce pas mon adoré ? Maintenant réveillez-vous, bel endormi, réveillez-vous car il fait jour, mettez le nez à la fenêtre vous aurez la maison au cou. Baisez-moi et que Dieu et les réunions électorales vous aient dans leur sainte et digne garde nationale si c’est pour votre bonheur.