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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 13 avril [18]78, samedi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon grand petit homme, bonjour, mon pauvre piocheur. Je sais que tu as très mal dormi cette nuit, ce qui ne m’étonne pas en pensant à l’état de surexcitation où tu es, surtout depuis quelques mois, mais je m’en inquiète parce que je n’en entrevoisa pas la fin car toujours un travail succède à l’autre sans un moment d’interruption même pour les choses les plus nécessaires à ta vie et à la mienne. Pour me bien porter et récupérer un peu de force j’aurais besoin de sortir tous les jours surtout quand il fait beau mais le moyen puisque tu es toujours dans le tourbillon de tes pensées ? Nous aurions le plus grand besoin d’entretenir la maison de linge et pour nous-mêmesb et nous ne le faisons pas. Tout périclite autour de toi excepté ta gloire qui envahitc tout au grand bonheur du monde entier et du mien. Mais nos pauvres carcasses sont fort malmenées ici-bas pendant que ton Pégase fait feu de ses quatre pieds et de ses deux ailes dans le ciel étoilé. Et voilà pourquoi nous ne dormons plus ni l’un ni l’autre et que je te gribouille cette longue mais inutile jérémiade et que je ne t’en aime et que je ne t’en admire pas moins et que je t’en adore encore plus si c’est possible.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 99
Transcription de Chantal Brière

a) « n’entrevois ».
b) « nous-même ».
c) « envahie ».

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