12 novembre 1847

12 novembre [1847], vendredi après-midi, 2 h. ½

J’ai besoin de te voir mon bien-aimé, j’ai besoin de respirer par ta bouche et de voir le soleil dans tes yeux. Cet affreux temps m’attriste on ne peut davantage il me semble que tu es encore plus loin de moi et qu’il y a beaucoup plus d’un siècle que je ne t’ai vu. J’espère que tu ne tarderas plus beaucoup maintenant et cette pensée me redonne du cœur au ventre. En attendant, je fais comme je peux pour ne pas me laisser envahir par l’humidité et l’humeur noire. Dès que tu seras avec moi je serai à SEC et à JOIE. C’est demain que tu mènes ta belle Dédé à Cléopâtre [1]. Je m’en rapporte à ta conscience pour faire les choses honnêtement. Songe que nous pourrions en CREVER tous les deux si tu me manquais de probité. Ce n’est pas une manière de parler en ÉPIPHONÊME c’est la vraie vérité net comme Dominus [2]. Aussi, mon Victor adoré, ne vous livrez pas à des œillades dangereuses pour vous comme pour moi. Soyez-moi bien fidèle de partout et d’ailleurs, encore plus si vous tenez à votre vie et à la mienne. Je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 260-2561
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette