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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 août 1841

7 août [1841], samedi matin, 11 h. ½

Bonjour cher Toto bien-aimé, bonjour mon ravissant petit homme, bonjour mon GRAND ARTISTE, bonjour, bonjour, je suis folle de vous. Je vous écris tard mais toutes mes affaires sont faites. Vous pouvez m’apporter à copier tout de suite, je suis prête et je m’appliquerai bien et je ne ferai pas de bourrats et je mettrai bien à la ligne.
Vous pouvez en juger par cettea esquisse d’une femme appliquée à faire des ALINÉAS.
[Dessinb]
Ceci doit vous rassurer et vous encourager à m’apporter de la copie dare-darec.
J’espère que je ne suis pas en reste de dessin avec vous et que même vous me devez du retour. Je vous en tiens quitte pour une petite culotte tantôt au cabaret.
Il fait si beau et il y a si longtemps que je ne suis sortied que vous devriez me donner ce bonheur-là aujourd’hui, cependant je n’y compte pas car je sais combien tu es pressé par ton travail. Aussi, mon pauvre amour, je m’apprêtee à rester chez moi le plus possible, je te demande seulement de venir me voir une pauvre petite minute et de m’apporter de la copie. Avec ça je tirerai ma journée avec courage. Je t’aime mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 123-124
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « cet ».
b) Dessin de Juliette assise à sa table de travail, en train de copier les œuvres de Hugo avec son matériel :

© Bibliothèque Nationale de France

c) « dar dar ».
d) « je n’ai sorti ».
e) « aprête ».


7 août [1841], samedi après-midi, 2 h. 

J’attends toujours, mon bien-aimé, et je ne vois rien venir. Je m’étais pourtant bien dépêchéea à faire mes affaires pour avoir tout mon temps à ta disposition mais je vois bien que je vais en être pour mes frais de diligence encore aujourd’hui. Je vais reprendre ma couture, chose toujours peu divertissante pour moi et qui servira agréablement à prolonger mon mal de tête qui n’est pas tout à fait dissipé. Jour Toto, jour mon petit o.
Quel beau temps et comme on en profiteraitb avec fureur si on pouvait, surtout après les trois mois de pluie que nous venons de passer et l’année de privation et d’attente que je viens de dévorer. Je ne sais pas ce que je ne donnerais pas pour passer toute cette journée-ci avec toi au bord de l’eau ou sous les arbres. Hélas je ne peux pas même obtenir de te voir une minute et d’avoir de la copie tout mon soûlc, c’est triste. Je ne veux pas parler de cela trop longtemps parce que malgré moi je deviendrais amère et injuste. Baise-moi, mon amour, tâche de venir le plus tôtd que tu pourras et aime-moi. Je t’aime de toute mon âme, moi, je baise tes chers petits pieds blancs. À bientôt n’est-ce pas mon amour ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 125-126
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « dépêché ».
b) « profiterais ».
c) « sou ».
d) « plutôt ».

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