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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 28 août 1856, jeudi après-midi, 2 h. ½

Que je t’aime donc, mon grand bien-aimé, je ne le sens jamais mieux que lorsque les banalités de la vie et les indifférents entrent dans notre sainte et douce intimité comme hier, par exemple. Qu’est-ce que mon âme pourrait, je ne dis pas préférer à toi, ce blasphème m’est impossible, même en supposition, mais te comparer en aucune chose, même de celles qu’on admire et qu’on vante à tort et à travers ? Toutes les harmonies sont dans ta voix, tous les rayons dans tes yeux, tous les parfums dans ton haleine, toutes les beautés dans ta personne, toute la bonté dans ton cœur, toute la grandeur dans ton âme, toutes les poésies sublimes et divines dans ton génie. Ainsi tu m’apparais, mon adoré, dans le buisson ardent de mon amour, et tout mon être se fond en extase devant toi. Un jour, quand mon âme sera délivrée de toutes les entraves humaines qui la gênent, elle osera te dire combien elle t’admire et comment elle t’aime. Jusque là, elle ne peut que te balbutier des tendresses inintelligibles et dont elle a presque honte. Je baise tes chers petits pieds de peur de blesser tes ailes.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 223
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

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