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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 décembre [1838], samedi après-midi, 1 h.

Bonjour, cher petit homme, bonjour ! J’espère, mon cher petit bien-aimé, qu’à travers ton travail et le froid de la nuit tu l’auras passée meilleure que la mienne. J’ai eu une insomnie qui ne m’a pas permis de fermer l’œil de toute la nuit. Aussi je suis rompue ce matin. Je ne sais pas à quoi ça tient que tous les ans à cette époque-ci j’ai des insomnies aussi longues ? Peut-être est-ce le défaut d’exercice ? Enfin c’est toujours bien fatiganta et bien ennuyeuxb mais voici que le chat a mangéc la crème et que la bonne l’assomme de coups. Je voudrais que ce pauvre civet fût placé autre part que chez moi parce que dans une petite maison comme la mienne tous ses méfaits ressortent trop. Au reste personne n’en veut et tu devrais bien le reprendre un soir en t’en allant, ce serait une bonne action CHATOYANTE et dont lui et moi serions très reconnaissants. Je vous aime mon petit homme chéri, je vous aime comme il [illis.] n’est pas possible d’aimer plus. Je demande que vous m’aimiez seulement d’amitié autant et je m’en contente. Jour Toto. J’espère que vous souperez avec moi ce soir. J’ai fait acheter un poulet à cette intention, ainsi vous ne pouvez pas vous en dédire.
Je vous attends et je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 284-285
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « fatiguant ».
b) « ennuieux ».
c) « à manger ».


29 décembre [1838], samedi soir, 5 h. ¼

Merci mon Toto, merci mon amour, c’est bien bon et bien gentil ce que tu viens de me donner, je le garderai toute ma vie ainsi que tous les souvenirs d’amour que chaque jour, chaque heure et chaque minute m’apportent. Aucune particularité de notre liaison, si indifférente qu’elle paraisse, ne s’effacera de mon cœur. J’oublierai que j’ai vécu avant d’oublier que je t’ai aimé de toutes les puissances de mon âme.
Quel bonheur ! nous soupons ensemble ce soir et demain j’irai à Ruy Blas, quel bonheur ! Je viens d’écrire à Mme Pierceau que je ne l’attendais que mardi et puis je viens d’envoyer Suzette chez le relieur mais j’ai peu d’espoir de ce côté-là. Nous aurons l’ennui de ne pas donner ces livres en son temps quoique nous ayons pris toute la peine inimaginable pour ça. Après tout tant pis, ce ne sera plus notre faute, ainsi tant pis. Je n’ai pas encore [la  ? lu  ?] Gisquet [1]. J’ai vu Jourdain qui m’apportait les deux embrases que je lui avais commandées. Je lui ai dit de faire sur sesa livres la vérification des chiffres en question et de me rendre réponse du oui ou du non. Et puis je vous aime et puis je vous aime et vous êtes mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 286-287
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « ces ».

Notes

[1À élucider.

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