Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Octobre > 4

4 octobre [1838], jeudi après midi, 2 h.

Mon cher petit bien-aimé, vous me blaguez toujours et je n’aime pas ça. Au lieu de me plaindre quand je souffre, vous vous moquez de moi.
C’est très vilain et très méchant, moi quand vous êtes malade ou que vous travaillez je suis meilleure que ça pour vous, je ne me moque pas, je vous soigne. Je ne me fiche pas de vous, je vous désire et je me résigne, voilà tout. Et puis je n’aime pas que vous soyez un jour tout entier, seul, à Paris sans venir me voir une minute.
Je vais vous surveiller, allez, et mon itinérairea va joliment me servir. Je ne dis pas quel jour pour que ce soit plus traître. Papa est bien i mais je le surveille de près. Jour mon cher petit o. J’ai mon rôle à copier, ce qui est très long. C’est très fatiguant pour moi qui n’en ai pas l’habitude, mais c’est égal j’en viendrai à ma fin, et si je ne le joue pas j’aurai du moins la consolation de l’avoir copié, appris et étudié. QUEL BONHEUR !!!
Donnez votre vec, que je le baise et ne me faites pas enrager.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 11-12
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « initinéraire ».


4 octobre [1838], jeudi soir, 6 h. ½

Comme la mère Pierceau n’est pas encore arrivée, mon bien-aimé, je t’écris ta petite lettre quotidienne. Je voudrais que les paroles noires que je mets sur ce papier deviennent quand tu les liras brillantes et toutes de feu comme mon amour.
Oh ! oui je t’aime mon Victor, je suis fière quand je pense à cela. Il me semble que je suis quelque chose puisque tu daignes accepter mon adoration de toute ma vie. Je t’aime, je t’aime, je t’aime !
J’ai oublié de te faire décacheter une lettre qui est ici depuis tantôt. Quand tu viendras, il sera toujours temps. Tâche seulement que ce soit très tôt, non pour la lettre mais pour moi. Il paraît que la mère Pierceau en fait une de soignée de scène. Heureusement qu’elle a affaire à un vieux cabotin qui saura lui donner la réplique. Pauvre femme, je la plains dans l’âme. C’est si triste d’avoir à se plaindre de l’homme qu’on aime, même quand c’est un [illis.].
Moi je t’adore. Je suis heureuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 13-14
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne