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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 janvier [1839], dimanche après-midi, 3 h. ¾

Je viens d’écrire à Mme Lanvin, mon cher adoré, auparavant de commencer par toi pour qu’elle reçoive la lettre le plus tôta possible puisqu’il paraît qu’on attend après ma note pour avoir celle de Mlle Hureau. Je t’aime, mon Toto bien-aimé, je t’aime de toute mon âme et ce que je t’ai dit dans le tuyau de l’oreille tantôt est non avenu car je sens bien que tu as trop de charges pour pouvoir faire face à toutes mes petites envies nécessiteuses. D’ailleurs tu sais bien qu’une fois que je t’ai dit ma petite affaire, autant en emporte le vent, et qu’il n’en est plus question. Il fait un froid de loup à présent depuis que le soleil s’est retiré. Quantb à moi, je ne me suis pas encore approchéec du feu depuis que tu es parti. J’ai lavé tes linges, cherché ce compte pour Lanvin et puis je t’écris les fenêtres ouvertes, ce qui constitue un médiocre calorique dans la chambre. Je vous aime, mon Toto, avec d’autant plus de chaleur au cœur que j’ai de froid au bout des doigts et du nez. Je vous adore, entendez-vous bien ? Je vous désire et je vous attends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 101-102
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « plutôt ».
b) « quand ».
c) « approché ».


27 janvier [1839], dimanche soir, 5 h. ½

Je vous aime, mon cher petit homme, à toute heure du jour et de la nuit. Je vous aime à toutes les températures, je vous aime. Ma servarde m’a demandé à sortir ce soir et, pour ne pas rester entièrement seule avec [moi  ?], j’ai convié les petites Besancenot à venir prendre leur part d’une tourte de 15 sous dont j’augmente le menu de mon dîner qui consiste en des Zaricots fricassés et de la soupe idem non fricassée. Vous voyez que je me résigne très bien à ne pas aller chez la mère Pierceau. Je ne me résigne pas aussi facilement à ne pas voir Ruy Blas et vous seriez bien bon de m’y mener ce soir. Vous me tenez un peu serréea depuis quelque temps, vous ne me menez plus au théâtre quand on donne votre pièce, vous ne me faites pas sortir et vous ne venez pas me voir ou si peu que j’ai à peine le temps d’en prendre plein mes yeux et par plein mon cœur. Aussi, je suis mouzon et triste dans mon petit coin, attendant que le bonheur, les beaux jours et les amours reviennent avec votre chère petite personne adorée. Malheureusement, cela ne vient pas vite et comme le soleil, vous ne vous montrez que pour la mémoire. Je vous aime pourtant de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 103-104
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « serrer ».

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