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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 janvier [1839], mercredi, midi ¼

Bonjour mon petit homme, vous vous êtes débarrassé de moi cette nuit avec de belles promesses que vous ne vouliez pas tenir. Aussi vous voyez combien peu je suis transportée quand vous me les faites. Maintenant la saison de mon bonheur est passée et j’ai peu d’espoir de la voir revenir. Ainsi soit-il. J’ai envoyé chez Mme Krafft comme tu sais ce matin. Elle n’est pas allée encore au théâtre. Elle y enverra aujourd’hui et si on ne payait pas sur son simple reçu elle tâcherait d’y aller en personne demain. Tout cela fait beaucoup de retard et si cela ne te gêne pas de me prêter l’argent que tu as chez moi pour deux ou trois jours je l’enverrai ce soir ou demain matin à Mlle François qui attend après depuis le 6. Quand tu viendras, nous déciderons de cela. Il est probable que tu auras reçu ou fait une visite à Mlle Georges aujourd’hui ? Tâche de ne pas te laisser prendre par la manche, comme tu dis, car je suis plus que jamais persuadée que ce serait notre perte. Quand je dis « notre perte », il va sans dire que je ne parle que de notre amour, car autrement tu es invulnérable. Je suis toujours souffrante puisque mes douleurs d’estomac sont à peu près finies mais mon mal de reins et un malaise général me font beaucoup souffrir. Je t’aime malgré cela et plus que tu ne le désiresa.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 31-32
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « désire ».


9 janvier [1839], mercredi soir, 8 h. ¼

J’ai voulu me lever, mon Toto, pour me rafraichira un peu et pour ne pas user mes forces dans le lit. J’espère que demain ce grand désordre sera remis et qu’il n’y paraîtra plus grâce aux cataplasmes, au repos et au régime de ces deux jours. Aussitôt que je serai guérie, je vous préviens que je reprendrai tous mes anciens droits, à main armée s’il le faut. En attendant et pour être plus vite débarrassée, je vais me coucher au milieu de tous mes cataplasmes. Auparavant, je vais écrire à Mlle François une petite lettre qui accompagnera l’argent demain matin. Ce sera une bonne épine tirée du pied grâce à votre argent, mon amour. Et puis vous serez bien i si vous reveniez très tôt ce soir et si vous vous en allez très tard cette nuit, parce qu’enfin, je n’ai pas perdu le goût de l’amour et du bonheur en même temps que celui du pain. C’est ce qui fait que je vous désire de toutes mes forces, que je vous aime de toute mon âme, et que je vous attends de tout mon cœur. Je baise vos quatre petites pattes d’un coup et votre chère petite bouche toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 33-34
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « raffraichir ».

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