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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 février [1839], lundi après-midi, 1 h. ¾

Bonjour, mon bon petit homme, bonjour, mon pauvre bien-aimé adoré. Tu continues de travailler outre mesure. Cependant, nous allons avoir un peu d’argent à nous aujourd’hui même car j’ai envoyé la bonne chez Mlle François ce matin avec une lettre explicative et le bordereaua du théâtre. Elle m’a fait dire qu’elle irait tantôt et qu’elle viendrait ce soir m’apporter l’argent. Du reste, je suis dans les ennuis jusqu’au cou car j’ai reçu une lettre de la campagne pour cette bonne que j’attendais et qui ne veut plus venir. J’ai été obligée d’écrire tout de suite cela à Mme Pierceau afin qu’elle et Mme Triger tâchentb de m’en avoir une autre. En attendant, j’ai la perspective d’être seule à partir de demain, ce qui, vu la saison, nos affaires et ma santé, ne m’arrange que tout juste. Enfin, je ferai bonne contenance, à l’occasion ; tu m’as déjà vue à la besogne et tu sais comme je m’en tire. Ton amour me donne du courage, de la force et de la patience et du bonheur, oui, du bonheur ! C’est bien vrai, tu ne sais pas combien je suis heureuse de t’aimer, seulement ainsi juge de ce que j’éprouve quand je crois que tu m’aimes un peu. Je t’adore, mon Toto. Je t’aime, mon Victor. Tu es mon cher bien-aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 125-126
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « borderau ».
b) « tâche ».


4 février [1839], lundi soir, 10 h. ¾

Je vous écris sur votre vieux papier, mon Toto, d’ailleurs ce que j’ai à vous dire n’a pas besoin de plus beau ni de plus frais papier, attendu que ce sont toujours les mêmes vieux reproches moisis qui servent à qualifier votre inqualifiable et indigne conduite depuis plusieurs mois. Je ne sais pas ce que vous faites de votre INDUSTRIE mais je ne m’en sers guère. Je commence à croire que les bals masqués font du tort à mes RECETTES, car depuis qu’ils sont commencés, je n’ai plus aucun bénéfice d’aucune manière, ce qui est bien SÈCHE. Mais prenez garde à vous : je suis dans un accès de jalousie terrible et qui peut avoir de terribles résultats si je vous prends sur le fait. En attendant, j’exige que vous repreniez près de moi votre service interrompu depuis trop longtemps et cela cette nuit même ou sinona je me livre à toutes sortes de voies de fait sur vous. Vous voilà averti, cela ne me regarde plus. Mlle François s’est en allée tard, espérant que la pluie cesserait, cependant il a fallu en prendre son parti et lui prêter le fameux parapluie sans manche de Suzette. Elle viendra encore demain soir, il faut espérer que M. le caissier sera reposé des fatigues de la nuit dernière et qu’il trouvera enfin la force de compter mes appointements. En attendant, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 127-128
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « si non ».

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