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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 mars 1847

30 mars [1847], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto, bonjour, toi, bonjour vous comment que ça va ? Moi j’irais très bien n’était la peur affreuse qu’il ne fasse trop mauvais tantôt pour aller te chercher. J’en ai plus peur qu’envie et le ciel n’est rien moins que rassurant. Il fait un froid de loup, ce qui n’arrange pas mon pauvre jardin. Enfin il n’y aura qu’une pluie battante qui puisse m’empêcher d’aller au-devant de toi ce soir. J’y suis très décidée. Je forcerai peut-être le temps à s’humaniser quand il verra que toutes ses tracasseries ne m’effarouchent pas.
Cher bien aimé, j’accepte votre billet et si je gagne je garderai mon lot avec tranquillité et en faisant…… des grâces aux princesses russes polonaises et autres duchesses du même tonneaua. En attendant je vous offre ma coopération dans cet acte de bienfaisance. Si vous ne craignez pas de faire crever votre nigaud de gras fondu je vous donnerai un autographe de ma main, voyez, décidez-vous. En attendant, je vous attends et je consulte le baromètre. Baisez-moi et aimez-moi si vous tenez à vos précieux jours.

Juliette

MVH, α 7874
Transcription de Michèle Bertaux et Nicole Savy

a) Ici un dessin représentant une femme, probablement Juliette, les bras levés, laissant tomber des papiers portant le nom de Victor Hugo :

© Maisons de Victor Hugo / Ville de Paris

30 mars [1847], mardi après-midi, 2 h. ¼

Il ne pleut pas, mon cher petit Toto, aussi je triomphe et j’attends avec confiance l’heure d’aller vous chercher. J’espère encore que vous viendrez avant d’aller à vos séances de Chambre et d’Institut quoiqu’il soit déjà un peu tard. Quant à moi je serais prête à vous accompagner si je ne savais pas que la mairie et l’affaire de Charles, qui n’est pas aussi simple qu’on croit, plus le rendez-vous avec Chaumontel vous empêcheront de me donner cette joie. Je m’y résigne tant bien que mal : en murmurant, en murmurant. Il est vrai que pour me faire prendre patience vous m’avez promis une culotte [1] hier au soir, mais malgré ma crédulité ordinaire je fais peu de fondement sur cette culotte et j’aimerais mieux autre chose tout de suite. Malheureusement je n’ai pas le choix, ce qui fait que je suis médiocrement contente.
Dites donc vieux Toto, est-ce quea vous auriez eu l’infamie d’aller à vos histoires sans passer baigner vos yeux et me dire un pauvre petit bonjour entre deux portes ? Si cela était vous seriez le plus monstre et le plus atroce des hommes et des pairs de France tricotés avec des académiciens et je vous en voudrais à la mort. Eh ! bien venez [une phrase illisible] je vous attends et je vous aime.

Juliette

MVH, α 7875
Transcription de Nicole Savy

a) « et que ».

Notes

[1Bombance, festin.

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