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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 19 février [18]77, lundi matin, 10 h.

Il paraît, mon pauvre cher bien-aimé, que tu n’as pas mieux dormi que les autres nuits, ce qui m’agace et me tourmente en ce moment. Tu as beau être bâti à chaux et à ciment, ce n’en est pas moins [illis.] et inquiétant pour moi qui t’aime à cause de l’état permanent d’inspiration et de création dans lequel tu es. Les chefs-d’œuvre succèdent aux chefs-d’œuvre avec une extension de génie vertigineuse qui m’effraye, moi, qui ne suis qu’une simple bête humaine qui t’adore. C’est pourquoi je suis si soucieuse et si triste quand je te vois ne tenir aucun compte de tes fatigues accumulées depuis si longtemps. Mais tout ce que je te dis là glisse sur toi comme un tendre rabâchage dont il ne reste rien. Je le sais et je n’en suis pas plus fière ni plus rassurée pour ça. J’espère pourtant que tes imprudences réitérées seront toujours aussi clémentes que par le passé et que j’en serai quitte pour la peur jusqu’à la fin. C’est ce soir que nous allons chez tes excellents amis Vacquerie, Lefèvre, Paul Meurice compris. Car il est autant de cette famille que de la tienne. Pour moi, je m’en réjouis doublement parce que je te sais là dans un milieu sain et parce que j’aurai le bonheur de t’entendre lire une chose que je ne connais pas. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 52
Transcription de Guy Rosa

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