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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 20 août 1854, dimanche soir, 7 h.

Il ne sera pas dit que je manquerai ma restitus le jour où tu me donnes la joie de dîner avec toi. Cher adoré, la joie serait du parfait bonheur si au lieu d’être partagée entre des étrangers je l’avais à moi toute seule ; mais enfin, toute morcelée qu’elle sera, j’en recueillerai précieusement les morceaux et j’y mettrai un peu de mon âme pour en souder les morceaux et en faire un tout complet. Je m’épêche de te gribouiller ces pauvres tendresses avant l’arrivée des citoyens et des citoyennes. Depuis ce matin, la migraine aidant, il m’a été impossible de mettre un mot l’un devant l’autre. Maintenant que la chaleur est un peu tombée et surtout que l’heure approche de te revoir je me sens plus gaillarde. J’en profite pour déverser un peu de mon cœur dans le tien, cher cher adoré, tu ne sauras jamais combien je t’aime à moins que l’âme ne deviennea visible dans l’autre vie. En attendant je t’aime comme les anges aiment Dieu : toujours plus, jamais moins. J’espère que tu n’auras pas fait le gamin tantôt et que tu te seras baigné prudemment. Je n’aime pas cette perfection du saut qui peut avoir pour résultat de vous casser le nez. D’ailleurs je ne vois pas ce qu’un saut de plus ou de moins peut ajouter à tous ceux dont vous êtes entouré sans péril. Tâchez donc de reprendre vos habitudes de plain pied. Tiens vous voilà et mon papier est au bout. Quel bonheur.

BnF, Mss, NAF 16375, f. 259-260
Transcription de Chantal Brière

a) « deviennent ».

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