Paris, 27 juin [18]77, mercredi soir, 2 h.
Pendant que tu lis et que tu songes, mon grand petit homme, moi je t’aime de toute mon âme et je te bénis. À chacun sa fonction. La tienne est d’éclairer le monde, la mienne de t’adorer. Je voudrais être déjà auprès de ma chère tombe que je délaisse, hélas, bien malgré moi. L’éloignement et les mille empêchements dont ta vie et la mienne sont remplis en sont la cause. Aussi j’espère que ma pauvre âme aimée ne s’en attriste pas dans le ciel, qu’elle me sourit et qu’elle nous bénit tous les deux. Dès que tu seras prêt nous enverrons chercher une voiture. J’espère que tu seras plus content de ta visite à St Mandé que tu n’oses l’espérer [1]. En attendant, mon ineffable bien-aimé, je prie Dieu de t’épargner de nouveaux chagrins et de t’accorder tout le bonheur que tu mérites par et pour tes chers petits enfants. Sois béni. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 172
Transcription de Guy Rosa