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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juin 1877

Paris, 8 juin [18]77, vendredi soir, 6 h.

Cher bien-aimé, jouis de la chaleur pendant que je déblatère contre elle. Ce sera le moyen de me la faire prendre en gré. En attendant, je fonds en eau comme aurait pu et dû le faire le fameux Médard dont c’est ordinairement la consigne.
Autre guitare, tu feras bien, mon cher petit homme, de ne pas renoncer à la garde de tes manuscrits par Louis avant d’être bien sûr que tu auras à l’occasion une sécurité plus grande que celle qu’il t’offre [1]. Quant à Berru, son dévouement ne peut pas être mis en doute, mais il y aurait peut-être une difficulté sérieuse à faire voyager toute seule ta malle sans être accompagnée jusqu’à destination. Penses-y, mon cher bien-aimé, et agis avec ta prudence habituelle. Tout ce que tu feras sera pour le mieux, même si tu refuses notre [fidèle ?] dévouement. L’essentiel est que tu sauves tes manuscrits du danger [quelques mots illisibles].

BnF, Mss, NAF 16398, f. 154
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1C’est vraisemblablement à Louis Koch fils, neveu de Juliette Drouet, que les manuscrits doivent être confiés. Hugo avait noté dans son Carnet, à la date du 31 mai : « Je décide, en présence de ce qui me semble se préparer, que je mettrai en sûreté mes manuscrits. Je ferai le contraire pour ma personne, car la vie risquée complète le devoir accompli. »
Cette précaution, divulguée, mit Hugo dans l’embarras. Le journal La Défense annonça que « jugeant la situation grave », Victor Hugo « avait mis en sûreté ses manuscrits » et songeait « à s’y mettre lui-même ». Vacquerie en prévient Hugo qui lui donne le choix de démentir purement et simplement ou « de publier quelque chose comme ceci […] :
« Il y a dans l’Histoire d’un crime un chapitre intitulé On vient pour m’arrêter. On lit dans ce chapitre que, après cette visite du coup d’État à Victor Hugo, il fut constaté que des manuscrits avaient été volés. Heureusement les principaux manuscrits étaient en sûreté : M. Victor Hugo avait sagement fait de prendre cette précaution. La Défense affirme qu’il prend la même précaution aujourd’hui. Nous laissons à La Défense la responsabilité de cette affirmation injurieuse pour le gouvernement.
Ce que nous pouvons dire, et dire très haut, c’est que Victor Hugo reste à Paris, déterminé, lui aussi, à défendre jusqu’au bout, le droit et la loi ! » (CFL, t. XV-XVI, p. 537-538).

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