1er juillet 1877

Paris, 1^er juillet [18]77, dimanche matin, 7 h. ½

Console-toi, mon cher don Juan, ta nouvelle recrue t’a écrit ce matin, ce qui te donnera le temps de retrouver son premier billet doux d’avant-hier [1]. Quant à moi, je vais me mettre au bain tranquillement comme une cruche qui va à l’eau sans se casser ni s’emplir tout à fait. J’espère que tu as passé une meilleure nuit que la mienne, ce qui n’est pas difficile pour peu que tu aies seulement dormi quelques minutes. Je vais écrire à Lesclide pour les inviter tous les trois, ses femmes et lui, mais je doute qu’ils acceptent, le dimanche étant particulièrement réservé à leurs deux jeunes garçons. Si M^me Lockroy pouvait prendre sur elle de nous dire les jours où elle ne doit pas dîner, ni les enfants non plus, on pourrait utiliser sérieusement ces lacunes-là en invitant les amis que tu ne vois presque jamais faute de places à ta table. Mais elle n’y pensera jamais et le mieux est de faire comme nous faisons en nous aimant du plus profond de notre cœur et de notre âme.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 176
Transcription de Guy Rosa