Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Mai > 5

5 mai 1838

5 mai [1838], samedi, midi ¼

Bonjour mon cher petit boute-en-train, bonjour mon cher petit Blagueur. Vous serez donc toujours le même vieux Toto ? Oh ! bien je vous aimerai toujours de même aussi ; vous ne changerez pas, ni moi non plus ; cependant vous feriez bien de changer vos nuits sans sommeil et sans bonheur, contre des nuits de repos et d’amour avec votre Juju. Voilà mon opinion. Il fait un temps délicieux. Ce serait bien le moment d’aller dîner aux Marronniers [1], mais vous ne le voudrez pas. J’étrenne votre fameux papier à un sou le cahier. Je le trouve très bon et très beau et très engageant à y écrire des bonnes petites choses d’amour à son Toto. Je vous aime, je vous adore, Toto. Vous êtes mon grand tout et je suis très bonne à baiser. Si vous avez du cœur vous saisirez l’esprit et la lettre de ce que je vous dis là et vous viendrez comme un Lion. Jour mon cher petit homme, je voudrais baiser tes yeux et savoir comment ils vont. Il y a bien longtemps que je ne les ai vus je t’aime toi. Tu es mon Toto ravissant.

Juliette

Collection particulière / MLM / Paris, 71951
Transcription de Gérard Pouchain


5 mai [1838], samedi soir, 6 h. ½

Depuis que tu es parti, mon adoré, je travaille à ma portière. J’ai fait toute la bordure du devant et je te réponds que les doigts et les bras en l’air m’ont joliment fatiguée. Mais je fais cela avec joie en pensant que tu seras content et que me trouveras une bonne petite femme de ménage. Quel malheur mon Toto que nous ne puissions pas jouir de ces premiers beaux jours du printemps. Il y a cependant bien longtemps que je guette le premier rayon de soleil pour te faire souvenir de ta promesse depuis le commencement de l’hiver de me mener à la campagne la PREMIÈRE FOIS qu’il fera chaud et beau. Voilà déjà sept ou huit PREMIÈRES fois qu’il fait excessivement beau et chaud et que je suis toujours là attendant et ne voyant rien venir. Je sais au reste que ce n’est pas de ta faute et que nous sommes pauvres comme tout. Je t’aime mon Toto. J’aime ton cher petit portrait quoiqu’il ne soit pas joli comme vous. Je veux le faire encadrer. Et puis j’aime votre invention du pot sous la table, c’est très joli et très original. Je vous adore Nono. Jour. Soir pas soir mais je t’attends, reviens vite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 112-113
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Les Marronniers : célèbre restaurant de Bercy.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne