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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 octobre [1849], lundi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon doux aimé, bonjour, ma joie passée, ma consolation présente, mon bonheur à venir bonjour, je t’aime et je te bénis devant Dieu qui me voit et mon enfant que je regrette. Pense à moi ce matin pour que ton absence me paraisse moins longue. Malgré le mauvais temps je me dispose à aller à Saint-Mandé. Je veux être sûre de trouver Mr le curé pour lui remettre cet argent en mains propres et je ne suis sûre de le rencontrer que le lundi. D’ailleurs, peu m’importe le temps ; quel qu’il soit il ne peut pas être plus

2e feuille, 15 octobre [1849], lundi matin

triste que mon cœur chaque fois que je vais à ce triste rendez-vous. Pense à moi, mon adoré, je le sentirai pendant ce douloureux pèlerinage et je reprendrai du courage autant que ta pensée sera avec moi ! J’espère être revenue pour deux heures. Si tu pouvais venir dans ce moment-là, je t’accompagnerai à l’Assemblée. Mais je ne veux pas trop l’espérer pour n’avoir pas le chagrin de la déception car tu ne m’as pas promis que tu viendrai et je te sais trop occupé pour me fier à la chance heureuse d’une rencontre aussi peu préméditée. Je me borne à le désirer de toutes mes forces et de toute mon âme.

Juliette

MVHP, Ms, a8290 et a8291
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine


15 octobre [1849], lundi soir, 5 h. ½

J’ai été bien désagréablement surprise tantôt en rentrant chez moi, mon bien-aimé, de savoir que tu y étais venu pendant mon absence et que je ne te reverrais pas d’aujourd’hui à cause que tu dînes chez le président ce soir. Je n’avais pas besoin de cette déception pour être triste, mais elle pèse de tout son poids sur mon pauvre cœur déjà bien découragéa. Je regrette que tu n’aies pas songé à me dire hier que tu dînais chez le président [1] et que je ne pourrais pas te voir si ce n’est pendant le trajet de chez moi à l’Assemblée,

2e feuille, 15 octobre [1849], lundi soir, 5 h. ½

parce qu’alors je me serais arrangée pour n’aller que l’après-midi à Saint-Mandé. Je comprends du reste que tu n’aies pas songé à me le dire, mais je n’en suis pas moins peinée et d’autant plus malheureuse que je ne sais plus maintenant quand ni comment je te verrai puisque Suzanne n’a pas pu ou su me dire à quelle heure tu viendrais demain. À tout hasard je me tiendrai prête à une heure. Mais j’ai si peu de chance qu’il arrivera encore quelque anicrocheb à cette pauvre petite lueur d’espérance que je poursuis avec une constance digne d’un meilleur sort. En attendant je t’aime plus que plein mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 271-272
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « découragée ».
b) « annicroche ».

Notes

[1Dans ses tableaux synchroniques, Jean Massin date ce dîner au 16 octobre 1849.

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