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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 septembre [1849], jeudi matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon Toto aimé, bonjour mon amour adoré, bonjour. Je viens de retrouver un vieux morceau de papier que je fais servir à mon griffouillis matinal. Je pense que je dois avoir dans un coin de ma maison beaucoup de débris des lettres que j’ai brûlées avant d’emménager. Le tout est de remettre la main dessus. J’y [essaierai  ?] aujourd’hui pour t’économiser la dépense de papier pour moi.
Cher petit homme, je ne sais pas si vous vous êtes aperçu que je vous avais [à] peine vu hier et que le peu de temps que vous avez été auprès de moi s’est passé à me faire des méchancetés ? Voime, voime, reviens-y polisson, et tu verras ce qui t’arriveras sur ton nez de représentant. Taisez-vous, vilain homme, et baisez-moi ailleurs que sous le menton. En attendant il faut que je vous aime comme vous êtes, c’est-à-dire taquin et féroce. Voime, voime, c’est bien difficile, il y paraît sur ma manchea. J’aurais préféré t’accompagner jusqu’à l’Assemblée et de là aller t’attendre chez la mère Sauvageot. Je t’aurais vu une fois de plus, ce qui n’est pas à dédaigner, même en République, mais il paraît que cela t’aurait dérangé de tes affaires, puisque tu ne me l’as pas offert et que j’ai pensé trop tard à te le demander. Une autre foisb je tâcherai d’avoir un peu plus de présence d’esprit. En attendant je ne te verrai pas avant tantôt, ce qui est bien long.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 249-250
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) La lettre laisse apparaître ici quelques écritures témoins d’un précédent courrier abandonné. Ces écritures ne sont pas lisibles.
b) « autrefois ».


27 septembre [1849], jeudi matin, 11 h.

Je continue de ramasser tous les vieux lambeaux de papier qui me tombent sous la main pour vous gribouiller toutes les tendres stupidités qui me passent par la tête. Je viens de retrouver un monceaua de ces vieux débris dans un sac de nuit, mais ils sont si chiffonnés et si dépareillés que j’aurai bien de la peine à m’en servir, malgré toute ma modestie et le désir de vous économiser quelques sous. Du reste je n’ai jamais vu un bureau aussi mal ficelé que le mien : ni plumes, ni papier, ni encre, ni poudre, ni buvard, ni canif, rien enfin de ce qui concerne votre état. Je ne m’étonne pas

27 septembre [1849], 2e

si j’écris si mal. Saint-Omer et Prudhomme lui-même y perdraient leur bâtarde, leur anglaise, leurs pleins et leurs coulées. Je sais bien que les bons ouvriers s’accommodent de mauvais outils, mais pas d’outils du tout, c’est une sérieuse difficulté dont toute l’habileté du monde ne saurait triompher. Cependant j’en triomphe, moi, comme vous voyez, et je n’en suis pas plus fière pour ça. Baisez-moi et taisez-vous. Voilà ce que vous avez de mieux à faire et tâchez de ne pas me laisser trop longtemps au porte-manteau de la mère Sauvageot. J’y serai à 11 h ½. Jusque-là je vous baise et je vous aime de toutes mes forces et de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 251-252
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « monceaux ».

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