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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 31 mars 1860, samedi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien aimé, bonjour, mon pauvre adoré, bonjour. As-tu enfin passé une bonne, vraie, longue nuit ? Comment va ton bobo d’entrailles ce matin et comment va ta jambe ? Tu me diras cela tantôt ; mais en attendant tu as très bien fait de te commander un second bas, cela me permettra d’essayer de raccommoder l’autre encore une fois, quoiquea je sois une piètre ravaudarde ; mais la pensée de te soulager en quoi que ce soit me ferait faire tout au monde, même des BOUSILLAGES. Du reste il fait un temps de capitale, ici, depuis six mois ; c’est à se croire à Paris ou à Londres, pour ceux qui aiment la couleur de la pluie et de la crotte comme les badauds et les cockneys de ces deux CENTRES des beaux-arts et de la civilisation. Mais, pour de simples êtres qui vivent dans une ÎLE, comme nous, ce temps est vraiment malsain et j’en veux au bon Dieu de nous l’envoyer. Ce n’est pas généreux à lui de nous faire un soleil si chétif et si plombé au lieu de nous le donner en vrai métal de lumière, de rayon et de chaleur. Mais il a beau faire il n’éteindra pas mon amour, il peut verser toute l’eau de son ciel dessus, il y perdra sa peine et je ne t’en aime que mieux et plus, attrapéb.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 67
Transcription de Claire Villanueva

a) « quoi ».
b) « attrappé ».

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