Guernesey, 29 juin 1859, mercredi, 6 h. ½ du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour avec tout ce que j’ai de plus tendre et de meilleur dans le cœur, bonjour. J’espère que la contrariété que je t’ai si stupidement et si involontairement causée hier au soir ne t’aura pas empêché de dormir cette nuit, mon pauvre petit homme, et que je n’aurai pas ce remords à ajouter au reproche très sérieux que je me fais de t’avoir tourmenté hier pendant un moment. Cher adoré, il ne m’arrivera plus de dévier d’une semelle de l’itinéraire convenu dorénavant, je te le promets. En attendant, j’espère que notre pique-nique aura beau temps ce soir et que nous nous amuserons bien. Quant à moi, je serai avec toi, je ne demande pas autre chose. Je vais tout à l’heure écrire trois ou quatre lettres pressées et qui m’ennuient mais je vais les bâcler en deux temps trois minutes pour en être débarrassée une bonne fois. Mon cher petit homme, je vous adore et je ne vous ferai plus jamais fausse route, entendez-vous ?
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 152
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette