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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 avril [1844], mercredi matin, 8 h. ⅟₂

Bonjour mon Toto bien aimé, bonjour mon adoré petit homme, bonjour, bonjour, je t’aime. Si tu ne m’aimes pas un peu, tu es bien ingrat et bien féroce car jamais homme n’a été aimé par une femme comme tu l’es par moi, et jamais femme n’a mis toute sa vie dans son amour comme je le fais. Tu n’as pas d’Académie aujourd’hui, mais tu as probablement ton oncle qui va te prendre toute la journée ? Demain, ce sera l’Académie, de sorte que je vois encore toute ma pauvre semaine passée à t’attendre dans le désert. Je ne bougonne pas, je ne suis pas de mauvaise humeur, je suis triste et impatiente de ne pas te voir. Pense à moi, mon cher petit bien-aimé, je le sentirai et cela me donnera du courage. En attendant, je te désire de toute mon âme et je t’aime encore plus, si c’est possible. Tâche de trouver un moment pour venir m’embrasser, ce sera un éclair de bonheur dans toute mon ennuyeusea et éternelle journée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 73-74
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « ennuieuse ».


24 avril [1844], mercredi après-midi, 4 h.

Tu n’es même pas venu un instant me voir, mon Toto. Il faut que tu sois bien occupé ou que tu m’aimes bien peu pour ne m’avoir pas donné cette pauvre petite seconde de bonheur ? En revanche, j’ai vua Mme Lebreton [1] qui n’était pas venue chez moi depuis deux ou trois ans. Il est impossible d’être plus patiente, plus honnête et plus pressante que cette excellente femme-là. Je ne savais vraiment que lui répondre… J’étais au suppliceb. Enfin, je lui ai fait espérer que, dès que la hideuse Ribot serait payée, ce serait à son tour. Je ne pouvais pas faire moins mais j’aurais voulu pouvoir faire plus car, dans ma conscience, je sais que je lui dois légitimement une grosse somme et qu’elle a toujours mis de bons procédés à la réclamer. Tu vois, mon cher adoré, que ma journée ne s’est pas passée bien agréablement, hélas ! Et tu dois voir aussi que ce que je te disais il y a quelques années de mes créanciers se réalisec de plus en plus. Puisses-tu ne jamais regretterd d’avoir pris la responsabilité de mon passé avec celui de mon avenir [2]. J’ai le cœur plein de tristesse. J’aurais besoin de te voir et Dieu sait quand tu viendras. Tu es probablement à Saint-Denis, et moi, je t’attends, je te désire et je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 75-77
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « j’ai vue ».
b) « suplice ».
c) « réalisent ».
d) « regretté ».

Notes

[1À identifier.

[2Juliette ayant repris à son compte les dettes contractées pour elle par son ancien amant Scipion Pinel, Hugo s’est engagé à les racheter.

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