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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 octobre [1842], vendredi après-midi, 3 h.

Dépêche-toi de revenir, mon Toto bien aimé, MON MÉNAGE est fait, rien ne te dérangera plus du tout et je serai la plus heureuse des femmes de te sentir à travers la porte comme un pauvre chien sent son maître qu’il aime. Je n’ose pas te demander à sortir quoique j’en aie bien besoin et bien envie, mais je sais combien tu travailles et je suis trop impatiente de connaître la fin de mes BURGRAVES [1]. Je ne veux donc pas te déranger, mon amour. J’attendrai que tu aies fini. Vous aviez bien peur ce matin, mon Toto, de ce qui devait vous arriver quand vous ne m’AIMERIEZ PLUS. Il paraît que si ça n’est pas déjà fait, vous n’en êtes pas loin, à en juger par la VENETTE [2] qui vous a galopéa quand je vous quand je vous ai expliqué mon système ? Je m’y attends et je raiguise mon grand couteau. Je ne vous ferai pas languir, soyez tranquille. Vous savez qu’en tout je suis assez expéditive ? Je ne vous ferai donc pas attendre, mon amour. Vous avez fait un bien joli dessin et vous avez écrit une bien longue lettre à ce cher petit monstre d’enfant que vous aimez cent millions de milliards de fois plus que moi. Il est bien heureux, CELUI LÀ, et je voudrais bien être à sa place. Pourtant, je suis bien sûre qu’il ne vous aime pas autant que moi, quoiqu’il n’en puisse plus d’amour pour vous. J’avais bien envie d’être jalouse mais comme ça ne m’avance à rien, au contraire, j’ai renfoncé ma jalousie au fin fond de mon cœur. Jour Toto. Jour mon cher petit o. Je vous aime, moi. Je vous désire, moi. Je ne vis que pour vous, moi. Si ça n’est pas assez, dîtes-moi ce que vous voulez et je le ferai tout de suite. En attendant, je vous répète que MON MÉNAGE est fait et que vous pouvez vaquer à votre aise dans mon établissement. Personne ne vous importunera et je serai bien contente. Baise-moi, mon Toto chéri, je t’aime plus que tout plein mon cœur. Je baise tes quatre petites pattes blanches.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16350, f. 155-156
Transcription de Laurie Mézeret assistée de Florence Naugrette

a) « galoppé ».

Notes

[1Victor Hugo est en train de rédiger le troisième et dernier acte des Burgraves, qu’il achèvera le 19 octobre.

[2Venette : peur, inquiétude.

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