12 décembre 1877

Paris, 12 décembre [18]77, mercredi midi ¾

Bonjour, mon grand petit homme, je t’attends pour savoir comment tu as passé la nuit et aussi pour avoir le bonheur de déjeuner avec toi, ce qui ne m’arrive pas souvent.
Pour cela il faut que tu te hâtes un peu car les affamés de là-haut réclament leur déjeuner à cor et à cris. Lecanu, que je n’ai pas encore vu, est chez M. Lockroy pour une communication importante, paraît-il. Qu’est-ce qui^a n’a pas sa COMMUNICATION IMPORTANTE par la politique qui court ? Et à ce propos, nous devons nous estimer très heureux de n’avoir pas à aller à Versailles par ce temps de boue et de brouillard universels. Autre guitare, un amas considérable de lettres à lire et à répondre. Je les ai mises de côté depuis trois jours. Je ne sais pas si M^me Jules Simon est bien informée, mais elle m’a dit que M^me Alice irait chercher Jeanne samedi prochain. Seulement, on devra l’isoler encore, au moins de son frère, d’après l’avis du docteur Sée. Dans ce cas-là je me demande quel lazaret lui sera assigné ? J’espère que ce sera ici. En attendant que cela se décide, je bénis la chère petite et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 336
Transcription de Guy Rosa

a) Impossible de lire « Qui est-ce qui » mais c’est bien ce que Juliette veut dire.