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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 janvier [1837], mercredi matin, 10 h. ½

Bonjour mon cher petit homme, je vous aime bien mon Toto, vous êtes mon grand artiste bien aimé, c’est bien gentil de vous dire tout cela avec une bonne plume.
Je me suis réveillée d’assez bonne heure comme vous voyez, j’ai un peu moins souffert cette nuit je voulais prendre un bain ce matin mais les baigneurs ne passent pas tant pis. Si vous pouviez me faire marcher aujourd’hui il me semble que cela me ferait grand bien.
Je vous aime, vous êtes mon bijou ravissant, vous avez de beaux cheveux, vous avez des yeux plus beaux que les plus beaux diamants, vous avez le plus joli nez du monde, vous avez la bouche la plus adorable qui soit, vous avez bien plus délicieuses mains qu’on puisse voir, vous avez les plus jolis petits bijoux de pieds qu’on puisse trouver sur la terre et enfin vous êtes l’homme accompli, le chef-d’œuvre de Dieu qui doit être bien fier de son ouvrage.
Moi, je vous aime autant qu’une créature humaine peut aimer. C’est-à-dire à l’infini. Je pense à vous jour et nuit et toujours avec admiration et adoration. Vous êtes la préoccupation de toute ma vie, même dans mon sommeil. Je suis bien heureuse de vous aimer ainsi. Je ne donnerais pas mon amour pour tous les biens et pour tous les trésors de la terre.
Je suis riche, je t’aime, je suis heureuse, je t’aime, je t’aime, je t’aime, à bientôt mon chéri, mille millions de baisers.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 67-68
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


18 janvier [1837], mercredi soir 5h ½

Mon cher petit homme, je suis bien fâchée de vous avoir fait du mal involontairement. Pardonnez-moi s’il vous plaît de tout votre cœur. Je viens d’essuyer vos soucoupes  ; elles sont de plus en plus belles et celles que nous croyons abîmées n’étaient que sales.
Mon bon petit Toto chéri je vous aime, je voudrais bien que vous ne vous crevassiez pas à travailler pour une chose qui peut se remettre après tout. Je n’en serais que plus contente si toutes les belles choses que tu veux me rendre me revenaient avec moins de fatigue pour tes pauvres yeux. Penses-y mon cher adoré et ne t’obstine pas à tes risques et périls à faire cet effort pour demain. Pauvre ange bien aimé, j’avais cru tantôt que tu me rudoyaisa et j’en avais eu le cœur triste, mais tu as été si bon et si charmant après que j’achèterais bien des moments d’expiation pareil à celui de tout à l’heure au prix de quelques petites boutades et de quelques DROGNERIES.
Jour oto, je t’aime bien mon petit homme. Je te suis bien fidèle de corps, de cœur et de pensées et je suis bien honnête avec toi. Tu me feras encore des beaux dessins n’est-ce pas ? Quantb à ma belle pagode [1], je l’encadre et je la prends dans ma chambre, je veux faire un musée rien que de vos chefs-d’œuvres, ce ne sera pas le moins curieux, ni le moins précieux de tous ceux qui ont ce nom et puis je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 69-70
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « rudoiais ».
b) « Quand ».

Notes

[1La veille, Hugo a dessiné un « Temple oriental » qu’il offre à Juliette : /

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