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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 49-50

Samedi après-midi, 2 h. ½

Mon cher petit Toto, vous voilà déjà en retard d’une heure, cela promet. Quant à moi, je suis sous les armes depuis l’heure convenue. Je ne me plains pas, vua la grande habitude que j’ai d’attendre. Mon cher petit homme, vous avez passé une bien maussade matinée avec moi. Je souffrais tant et je souffre encore beaucoup. Je redoute vraiment de sortir de chez moi à cause de l’inconvénient que tu sais [1].
Mme Guérard m’a emporté mon journal, le Charles Maurice [2], car je ne le retrouve plus, c’est comme un fait exprès, je ne l’ai pas lu non plus. Si nous y allons et que tu y tiennesb, on pourra le faire redemander. J’ai des coliques à crier dans ce moment-ci. Ca va être ben agréable pour peu que cela continue en ville. Je suis vraiment très malheureuse. Je ne sais que faire ni quoi devenir avec cette absurde incommodité.
Il paraît, mon Toto, que vous ne viendrez pas aujourd’hui. Vous auriez bien dû me le faire savoir, je ne me serais pas habillée et en vérité, aujourd’hui je serais mieux couchéec que debout, mieux morte que couchéec, car c’est une vilained occupation que de souffrir toujours sans aucun profit pour personne. Décidément, mon cher gamin, vous ne viendrez pas et je mouse [3] tant que je peuxe. Vous étiez tantôt en grande conversation avec la portière, qu’est-ce que vous complotiezf ensemble ? Au reste, je m’en soucie peu. Vous avez votre clef, vous n’avez plus rien à me dire, et vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 49-50
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « vue ».
b) « tienne ».
c) « coucher ».
d) « cette une vilaine ».
e) « peu ».
f) « complottiez ».

Notes

[1Périphrase pour les règles.

[2Le Courrier des théâtres, dirigé par Charles Maurice.

[3Être mouzon : de mauvaise humeur, chagrin.

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