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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 janvier [1837], mercredi, 11 h. ¼ du matin

Bonjour mon bon petit homme bien aimé. Je voudrais bien te voir, est-ce que tu ne viendras pas bientôt ? Cette nuit je ne me suis endormie qu’à quatre heures du matin.
Moi, quand je ne t’ai pas vu je ne peux pas m’endormir. M’aimes-tu un peu, dis ? Souffres-tu quand tu es retenu loin de moi ? As-tu bien de l’impatience de me revoir ? Es-tu bien heureux auprès de moi ? Si tu éprouves tout cela tu m’aimes autant que je t’aime et nous sommes des bons petits amants bien gentils. Depuis qu’il dégèle, je ne peux pas me réchauffer, moi. Cela tient peut-être à la mauvaise disposition du corps dans laquelle je suis. Je ne sais pas comment je ferai pour aller au spectacle ce soir si Joly [1] nous envoie une loge. J’ai un mal de tête fou et le reste est à l’avenant. Enfin je ferai comme je pourrai, la pauvre petite mérite bien ça [2].
Jour Toto chéri vous viendez [3] plus jamais. C’est pas beaucoup amusant. Il faudra pourtant que vous preniez d’autres habitudes meilleures que celle que vous avez euea depuis le 1er 1837 à moins que vous ne teniezb à me voir crever de chagrin, ce qui est un moyen encore, mais tout aussi peu amusant que de ne pas vous voir jamais. C’est la même chose. Mon petit Toto, mon petit chéri, mon cher petit homme, venez vite que je vous baisse c’est très [pressé  ?].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 13-14
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « eu ».
b) « tenié ».


4 janvier [1837], mercredi soir, 9 h. ½

Pendant que vous faites vos petites expéditions mon cher petit homme je vous écris et je vous aime. Vous êtes un Toto ravisant de passer toute la soirée avec nous. Si je pouvais vous aimer davantage je le ferais à cause de cela mais je ne peux pas. Nous n’avons pas encore vu le commissionnaire fameux. S’il ne venait pas je sais bien qui est-ce qui serait [venu ? visé ?] mais ce ne serait pas moi toujours AU CONTRAIRE.
Mon petit Toto mon petit Toto vous êtes très gentil. Si vous voulez, je le crierai tout haut au spectacle ça fera un bon effet, hein ? je suis contente je suis heureuse je suis très GEAIE et je vais mettre ma belle robe noire à manger du rôti. Je vais me dépêcher pour ne pas apporter de retard au plaisir de Clairon quoique… ce commissionnaire me fasse l’effet d’avoir fondu dans les neiges. Permettez mon cher petit Toto que je vous embrasse devant Mme Sans dos sans devant ou du devant [4], je ne sais pas au juste.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 15-16
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


4 janvier [1837], mercredi, minuit ½

Chère âme, si vous travaillez, moi je veille pour vous dire : amour. Je veux bassiner vos pauvres yeux malades avec de doux baisers et si vous croyez au magnétisme et surtout à l’amour dans ce moment-ci vous devez sentir un soulagement et un bien-être général. Je t’aime mon Victor bien aimé. Je pense bien à toi et sans amertume quoique je ne t’aie pas à peine vu ce soir. Mais la pensée que ton travail et ton dévouement pour moi en sont la cause me donne une résignation et un courage dont je ne me croyais pas capable.
Chère âme, repose toi. Pense que je t’aime, pense que je vais économiser encore plus que je ne l’ai jamais fait pour t’empêcher de tuer au travail toutes les nuits comme tu l’as fait jusqu’à présent.
Bonjour Toto, bonsoir OTO, bonsoir TO, bonsoir mon petit O. Je vous n’aime [sic]. Nous sommes rentrés sans encombres à 11 h moins un quart. J’ai soupé et puis je vous ai écrit et puis je vais penser à vous et puis je vous aime de tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 17-18
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Anténor Joly, directeur du petit Théâtre de la Porte Saint-Antoine, et rédacteur du Vert-Vert. C’est à lui que Hugo et Dumas feront appel pour diriger le Théâtre de la Renaissance en 1838.

[2Juliette a l’intention d’emmener sa fille Claire au théâtre de la Porte Saint-Antoine. Ce soir-là, on joue Un an de travail, Roquelaure et La Maison.

[3Faute volontaire.

[4Jeu de mots probable sur « Mme Sand » : George Sand tient son nom de Jules Sandeau, et s’appelle à l’origine Aurore Dudevant.

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