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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 janvier [1837], mardi, midi ½

Bonjour, cher petit Toto bien aimé. Je t’aime bien fort bien vrai de toute mon âme. J’avais envoyé Claire [1] ce matin chez Mme K. [2] Elle en revient à présent. Comme il avait fallu [merveiller  ?] pour l’habiller c’est ce qui est cause que je ne me lève qu’à présent. Mais soyez tranquille mon cher petit homme je vous donnerai votre lettre d’amour. Jour mon Toto, jour mon petit homme chéri.
Si vous êtes bien gentil et bien amoureux vous viendrez tout de suite embrasser votre vieille Juju qui vous aime tant.
Mon bon petit Toto, tâche de mener Claire quelque part au théâtre ce soir. La pauvre petite mérite bien ça et puis je veux qu’elle vous aime comme je vous aime moi même à une différence près.
J’ai lu votre lettre ce matin mon cher adoré et plus je la relis et plus je me renforce dans la pensée que je ne veux pas d’autres étrennes qu’elle. Oui mon bon petit Toto ta lettre adorable je ne veux pas autre chose rien ne me plaira plus après elle.
Excepté une nuit toute entière dans votre petit ventre chaud. Si tu veux me la donner je te remercierai comme tu voudras avec ou sans chemise.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 7-8
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


Mardi 3 janvier [1837], 7 h. ½ du soir

Mon cher bijou je ne veux pas aller au théâtre sans vous donner votre contingent d’amour. D’abord je vous aime, vous êtes mon Toto chéri, vous êtes le plus beau et le plus aimé des hommes. Je voudrais être jeune, belle et riche pour avoir quelque mérite à être votre servante. Je ne dis pas votre serre ventre je voudrais avoir cent voix pour vous dire sans interruption : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je voudrais avoir cent mille mains pour vous écrire toujours : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime et encore ce ne serait pas assez pour employer tout l’amour que j’ai dans le cœur. Je vous écris pendant que ma Claire dîne. Comme je ne veux pas la priver de son spectacle et que je ne veux pas me priver de mon bonheur je vous écris pendant ce temps là, quitte à souper quand je reviendrai. J’espère que la [Tully ?] ne nous fermera pas la porte sur le nez. Au reste je ne serais pas privée mais ma Claire aurait une tête quelconque.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 9-10
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


3 janvier [1837], mardi, 7 ¾ du soir

Ceci est la continuation de mon dîner. Il est bien juste que ne mangeant pas de fricot, je donne à mon cœur la nourriture que je refuse à mon estomac. Je crains pour Claire d’avoir un appétit un peu féroce de ce côté. La pauvre fille elle me regarde d’un œil inquiet. Je la croyais plus indifférente au charme de Saint Antoine, erreur de mère.
Je vous aime vous. Si je m’en croyais je ferais des bêtises pour vous le prouver. Tiens, pourquoi pas ? Chacun prend son plaisir où il ne le trouve pas. Car si j’ai du bonheur à vous aimer j’en ai fort peu à être toujours séparée de vous comme une pauvre galeusea.
Décidément il faut que je me dépêche de vous dire tout ce que j’ai sur le cœur sous peine de voir une lippe de 3 pieds de long se développer au physique de Clairon. Je vous aime, c’est dit. Je vous baise, c’est fait. Je vous adore, c’est connu et je suis votre vieille Juju. Voilà.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 11-12
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « galleuse ».

Notes

[1Claire Pradier, fille de Juliette et du sculpteur James Pradier, née en 1826.

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