Mardi 28 avril 1835
4 h. avant la représentation de Angelo.
Je te rappelle que je t’aime, que rien ne pourra changer ni augmenter mon amour que le cas de malheur et de perfidie auquel tu es plus en buta que personne, toi, mon noble poète, mon Roi, notre Roi à tous, mais mon amant à moi seule, n’est-ce pas ? Bien à moi seule. Je n’ai rien à craindre de toi, n’est-ce pas, mon bien-aimé ? Tu sauras bien te défendre et résister à toutes les avances de cette femme éhontée [1] ? Tu me le promets bien ? Je ne voudrais pas t’en parler aujourd’hui mais je suis si inquiète de te savoir en contact avec elle ce soir que je donnerais volontiers ma vie pour que cela n’ait pas lieu. Si tu savais combien je t’aime et comment je t’aime, tu comprendrais mes alarmes.
Pense à moi, pauvre femme, qui serai dans le fond d’une loge ce soir avec toutes les angoisses de la jalousie et de l’amour.
Juliette
Mme Pierceau est venueb à 1 h. tantôt, ayant laissé M. [Verdier ?] dans un cabriolet sur le boulevard qui se désespérait de n’avoir pas pu avoir sa stalle qu’on lui a dit que tu avais retiréec toi-même. Ne sachant que lui faire dire, j’ai conseilléd à Mme Pierceau de l’envoyer chez toi. M. [Pasquier ?] [2], comme je m’en étais doutéee, n’a pas fait prendre la loge de Mme Récamier. Qu’en auras-tu fais, te sera-t-elle parvenue à temps ?
Tout le monde est venu prendre les billets. Mme Lanvin m’a apporté une lettre de [illis.].
BnF, Mss, NAF 16323, f. 227-228
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Guimbaud]
a) « en butte ».
b) « venu ».
c) « retiré ».
d) « conseillée ».
e) « douté ».