BnF, Mss, NAF 16323, f. 149-150

Mercredi matin, 10 h. 10 m.

Bonjour, mon adoré, comment vas-tu ce matin ? Si j’en crois mon mal de gorge qui a quelque analogue avec le tien, tu dois être bien soulagé, car ce matin, le mien a presque disparu.
Je viens de relire ta bonne lettre, je ne peux pas me lasser de revoir les choses adorables qui sont dedans. Il n’y a que toi pour dire de ces mots qui ravissent le cœur. Chacun des mots que tu dis ou que tu écris est une branche qui porte sa fleur et son fruit, l’esprit et l’âme.
Dans ta chère petite lettre, tu te plains que tu souffres, mon cher bien-aimé. Oh ! ne souffre pas, ne soit pas jaloux, ne t’inquiète pas : je t’aime, je te suis fidèle, je ne te cache rien, ni de ma conduite, ni de mes pensées. Tout ce que je fais se^a rapporte à toi, à ton bonheur, à ta tranquillité, tout ce que je pense, c’est de l’amour. Je ne fais que baiser ta lettre, je crains qu’à la fin, je ne finisse pas la dévorer. Je vais la remettre en lieu de sûreté. Tu devrais bien venir prendre sa place, toi. Tu n’es pas aussi fragile qu’elle, on peut te baiser fort et longtemps avant de te mettre en pièces. J’ai bien de l’amour à te donner, plus que ta charge. Ainsi, juge si j’ai besoin de te voir.
Je te baise en désir en attendant mieux.

Juliette

Je vois de mon lit le petit bénitier. Il est très joli et fait très bien. Et à ce sujet, je te dirai que la bonne vient de congédier des prêtres quêteurs de l’église française, les ignobles parodistes et les affreux filous que cela fait.

BnF, Mss, NAF 16323, f. 149-150
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ce ».