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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 avril 1843, mercredi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon cher bien-aimé, m’êtes-vous bien fidèle ? M’aimez-vous ? Si vous faites ces deux choses bien consciencieusement je suis la plus heureuse des femmes et je baise vos pieds. J’espère, mon pauvre ange, que tu ne te ressens pas du mauvais temps en ta qualité d’auteur en représentations. Tu ne dois pas t’en sentir mais moi qui ne suis qu’une simple Juju, je profite de la permission que j’ai d’être stupide et souffrante. J’ai un mal de tête hideux qui m’a empêché de dormir toute la nuit.
J’ai envoyé Suzanne chez Guyot [1] touchera les 100 F. Elle vient de revenir tout à l’heure. J’en avais besoin parce que c’est aujourd’hui le jour de la blanchisseuse et que je lui devais déjà 12 F à Suzanne. Maintenant, je puis attendre de pied ferme la raccommodeuse de dentelle et la fin du mois si rien d’inattendub ne vient se jeter à la traverse. Mon pauvre bien-aimé, voilà un rude mois pour toi ; tout s’est trouvé ensemble : le loyer, la pension, le Mont-de-piété, phaffenauphen [2], les dettes, enfin tout ce que je traîne d’embarras et de charges après moi : tu as supporté tout cela, mon pauvre adoré, non seulement avec courage, mais avec une patience de saint et de martyr. Pas un mouvement d’impatience, pas une plainte, pas le moindre signe de mécontentement ou de lassitude. Mon pauvre adoré, toujours ton ravissant sourire doux et joyeux, toujours ton ineffable bonté, toujours ta sublime générosité. Mon Victor adoré, je sens tout cela mieux que je ne le sais dire et je voudrais mourir pour toi.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16352, f. 65-66
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « touché »
b) « inatendu »


26 avril 1843, mercredi soir, 6 h. ¼

Tu es bien gentil, mon amour d’être venu deux fois dans la journée. Si peu de temps que tu restes tu me remplis les yeux et le cœur de ravissement et de bonheur. Tu vois, du reste, que cela ne te dérange pas beaucoup de ton travail. Sois-moi bien fidèle mon Toto chéri pour que je sois bien confiante et bien heureuse. Le jour où tu cesserais de m’aimer je mourrais. Je ne pourrais plus vivre quand bien même je le voudrais.
Pauvre petit homme adoré, malgré tous tes efforts, tout ton courage, te voilà en arriéré d’une grosse somme ce mois-ci. Si nous vendions quelque chose, mon cher bien-aimé, pour nous rabibocher un peu ? Je suis plus que toute prête depuis longtemps, mon cher bien-aimé, tu le sais. Aussi est-ce toi qu’il faut décider à user de cette bien légitime ressource. Si tu savais, mon Toto, comme cela me serre le cœur quand je pense à ce que tu fais pour moi sans relâche tu comprendrais le besoin que j’ai de me soulager personnellement en venant à ton aide par tous les moyens qui sont en mon pouvoir. Pense à cela, mon adoré, et ne me refuse pas cette petite satisfaction si c’est possible. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 67-68
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À identifier.

[2À élucider.

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