23 octobre 1877

Paris, 23 octobre [18]77, mardi matin, 10 h.

Bonjour, mon grand adoré, comment la nuit, comment le jour, comment l’amour, comment Tout ???? Moi je vais comme une femme qui t’aime depuis un bout à l’autre de la terre et du ciel, de son cœur et de son âme. Tu trouveras parmi les lettres intéressantes venues ce matin celle d’Anatole de la Forge qui se plaint d’avoir été fort malmené par Louis Asseline dans sa correspondance de la Province à propos de sa lettre maladroite à Raoul-Duval. Il te supplie d’intervenir dans le conflit comme juge-arbitre souverain, ce qui est assez délicat, les sentiments du Rappel contre lui étant donnés. Mais, comme rien ne t’est impossible, je suis sûre d’avance que tu réussiras à innocenter pour tout le monde cette maladresse qui est plus qu’une faute… politique. Plus des lettres de fâmes à foison, Benderitter en tête, comtesse italienne en queue. A ce propos, je reprends ma scie, quelle vengeance ! pour vous rappeler que le citoyen Nadar vous attend et vous attendra jusqu’à après-demain jeudi, sans compter ce pauvre Baworky, je dis Bawororysky [1] ne plaisantons pas, et d’autres encore qui attendent leur tour d’audience… épistolaire. Moi je n’attends rien et je prends le parti de vous aimer à moi seule pour vous et pour moi et d’être heureuse par tous les moyens.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 288
Transcription de Guy Rosa