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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 20 février 1853, dimanche matin 8 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon pauvre adoré, je t’aime mais je me reproche mon bon feu dans ce moment-ci en pensant que tu n’en as pasa, que tu es enrhumé et que tu en aurais plus besoin que moi. Oh ! s’il ne s’agissait que de souffler dans mes doigts pour allumer un bon feu dans ta cheminée, avec quelle joie je le ferais quitte à pincer une bonne onglée. Malheureusement ce libre échange ne saurait avoir lieu au moment où il le faudrait. Mais aussi, mon cher adoré, quelle idée de ne pas faire faire de feu dans ta chambre seulement pendant les plus grands froids ? La petite économie que tu fais peut-elle entrer en balance avec le risque de ta santé que tu peux compromettre gravement dans un refroidissement brusque ? Pour moi, je trouve que c’est courir de grands dangers pour bien peu de profit et je ne comprends pas qu’un esprit aussi raisonnable que le tien ne fasse pas ce calcul si simple, même la gêne d’argent comptée. Pardonne-moi, mon cher petit bien-aimé, de te morigéner à ce sujet, mais c’est que vraiment je trouverais bien triste et bien malheureux de te savoir malade faute d’un peu de feu. Quant à moi, je crois être dans la vraie économie en me chauffant en hiver pour épargner un médecin en été. Si je voyais le contraire, j’éteindrais tout de suite mon charbon de terre et je grelotterais sans remords. Mais ce n’est pas mon opinion et je regrette que vous ne le compreniez pas de même.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16373, f. 179-180
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette et Gérard Pouchain

a) « tu n’en n’as pas ».


Jersey, 20 février 1853, dimanche midi ¾

Je sais bien ce que mon indignation prépare à votre cynisme. Soyez tranquille, vous m’en direz des bonnes nouvelles tantôt quand vous reviendrez. En attendant, continuez à regarder les cocottes jersiaises sous le bec et jouez de la prunelle et du râtelier pendant que vous y êtes ; pendant ce temps-là j’aiguise mes griffes et je vous chauffea une réception de giffes mémorables. Je viens déjà d’invectiver votre spectre en le pendant à un clou comme pendant à un autre pendu. Votre effigie [1] a déjà reçu, pour votre compte, un tas d’horreurs parlées et mimées. Mais ce sera bien autre chose quand viendra votre tour en vraieb chair et en vrai os. En attendant je coupe la queue à la restitus. Ça vous apprendra à faire des mines aux lorettes jersiaises sous mes yeux. Je vais profiter de la chose pour copire vos deux stupides machins. Je n’ai pas besoin de donner des gribouillis à ceux qui font les jolis cœurs avec les toupies anglaises. Dorénavant je m’abstiendrai tout à fait parce que je suis prévenue d’avance que vous ne vous en privez pas en aucune circonstance. Taisez-vous car il n’y a pas de quoi vous vanter. Taisez-vous. OUI, CHARLES [2] ........

BnF, Mss, NAF 16373, f. 181-182
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette et Gérard Pouchain
[Blewer]

a) « chauff ».
b) « vrai ».

Notes

[1Portrait photographique de Victor Hugo.

[2À élucider.

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