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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 juin 1842

23 juin [1842], jeudi matin, 9 h.

Bonjour mon cher petit Toto. Bonjour mon bon petit homme chéri, comment va notre cher petit garçon ce matin ? Et comment vas-tu toi, mon beau petit homme ? Tu paraissais épuisé de fatigue cette nuit, pauvre bien-aimé, et cela doit être avec le travail continu auquel tu te livres et l’affreuse inquiétude que tu as éprouvée tous ces temps-ci. Mais voici notre petit malade qui va de mieux en mieux, grâce à Dieu [1], et tu sais que nous avons encore quelques petites ressources en réserve. Ainsi, mon Toto bien-aimé, tranquillise-toi et ne pousse pas le dévouement jusqu’à la férocité pour toi et pour moi. Le jour où tu tomberas malade d’épuisement, nous ne serons pas très avancés, ce ne sera pas plus économique et moi j’en perdrai la tête. Je t’en prie donc à genoux, mon cher adoré, ne te tourmente pas et repose-toi. Je t’aime mon Toto adoré.
Je vais faire le fameux paquet de Claire. Si tu pouvais nous faire aller chez le dentiste avant de la remmener à la pension, cela me rendrait deux fois service, car outre mes dents qui ont le plus grand besoin d’être visitées tout de suite, je crains beaucoup pour les siennes. Et une fois rebouclée à la pension, il ne sera plus possible à toi de la mener chez le dentiste. D’ailleurs ça fera d’une pierre deux coups si tu peux nous y conduire toutes deux à la fois. Je t’aime mon Victor chéri. Tâche de venir avant d’aller à l’académie. Je pourrai t’embrasser de toute mon âme et savoir des nouvelles de ce cher petit malade.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 169-170
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


23 juin [1842], jeudi soir, 4 h. ½

Si, si mon cher petit douillet, je vous plains beaucoup plus qu’un œuf à cause de l’extrême sensibilité de votre chère petite carcasse. Mais en somme je sais ce que c’est et depuis plus longtemps que vous. Mais je sais aussi que mon mal ne guérit pas votre bobo et je vous replains derechef et en réitérant [illis.] de tout mon cœur. Tout cela ne vous empêche pas d’être le plus coquet et le plus joli de tous les hommes et moi d’être la plus vieille et la plus jalouse des femelles. Chacun son lot, comme vous voyez, mais le mien ne vous tentera pas, j’en suis sûre. Je suis bien contente que ce pauvre petit loup aille mieux. Il n’y a plus que confiance et patience à prendre maintenant, jusqu’à son entière guérison qui arrivera bientôt je l’espère, mais jamais assez tôt pour notre tranquillité et notre bonheur à tous. Je n’ai pas eu le temps de vous demander où vous alliez, mon cher petit coureur ? Ce n’est pas à l’Académie probablement puisque vous avez eu séance prolongée hier. C’est-à-dire avant-hier, je me trompais, ce qui me fait supposer maintenant que vous pouvez bien avoir reséance aujourd’hui. Au reste, j’aime encore mieux vous savoir là que faisant la bouche en bâton de chaise et les bras en guirlandes devant toutes les boutiquières de Paris. Sur ce, baisez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 171-172
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor, fils de Victor Hugo, se remet d’une maladie.

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