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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 mai [1842], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, comment va le pauvre petit malade [1] ? Tu as sans aucun doute passé la nuit auprès de lui, mon pauvre bien-aimé, et c’est tout naturel. Mon chagrin est de ne pouvoir pas le faire avec toi. Il faut espérer que les sangsues l’auront enfin débarrassé de cette pleurésie, mais je connais toute ton inquiétude, mon pauvre amour, et je la partage. J’ai le cœur plein de tristesse, mon adoré, en pensant que tu souffres et que tu te tourmentes. Mon Dieu, quelle affreuse année pour nous et surtout pour ce cher petit bien-aimé qui n’a pas cessé d’être malade depuis trois mois. Espérons (car il faut toujours espérer pour ne pas offenser le bon Dieu) que le reste de l’année nous sera plus favorable. Nous avons bien besoin tous tant que nous sommes d’un peu de bonheur pour nous faire oublier tous [nos ?] malheurs depuis six mois. Mais c’est toi surtout, mon pauvre adoré, que je plains, car c’est sur toi que tout retombe. Quand donc cela finira-t-il mon Dieu. Je suis triste, mon pauvre bien-aimé. Je suis tourmentée. Je voudrais te voir pour savoir comment notre petit Toto a passé la nuit. Je voudrais te voir pour reprendre dans tes yeux et sur tes lèvres un peu de courage et un peu de confiance. Tâche de venir mon Toto chéri. Ne passe qu’un petit moment.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 95-96
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


31 mai [1842], mardi soir, 9 h.

Voici trois heures, mon cher bien-aimé, et tu n’es pas encore venu, pourvu que ce ne soit pas signe que tu es plus inquiet qu’hier sur la santé de ton cher petit garçon. Je suis triste et malheureuse à un point que je n’ose pas dire mais pour un rien je jetterais le manche après la cognée. Voilà trois anniversaires de mois hideux ; encore si c’était le dernier, mais d’après toutes les choses tristes qui se succèdent, je n’ose vraiment pas l’espérer. Je suis impatiente de savoir comment va notre petit malade, j’ai le plus grand besoin de te voir, enfin je donnerais ma vie pour deux sous tant je suis découragée. Ma ménagerie a pris à tâche de m’ennuyer et de me dévaster ma maison aujourd’hui ; d’une part le Fouyou a cassé la poupée chinoise que tu m’avais donnée, sans compter la [illis.] que cela a causé en culbutant les uns sur les autres les deux lanternes sur l’encrier, la boîte sur la table etc., etc. De l’autre part, Jacquot a mangé mon rideau de fenêtre enfin c’est une série d’ennuis de tout genre. Sans compter le tourment et le chagrin de savoir notre pauvre petit bien-aimé malade. Il est temps que tu viennes me consoler, mon adoré, car j’ai de l’inquiétude et de la tristesse plein mon cœur. Je t’aime mon Toto chéri. Je t’adore mon cher amour, je ne pense qu’à toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 97-98
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Charles, fils de Victor Hugo, sera malade plusieurs semaines.

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