Guernesey, 8 juillet, [18]70, vendredi, 3 h. ¼, après-midi
Cher bien-aimé, je constate, non sans regret, que le temps est décidément trop chagrin pour notre promenade en voiture aujourd’hui. Il serait par trop imprudent de risquer Petite Jeanne sous les petites ondées successives, sans compter la sciatique à Papapa. Il paraît que Mme Engelson a vu Mme Chenay et qu’elle lui a affirmé le retour de tes fugitifs pour lundi soir sans remise [1]. Du moins, c’est ce que Mariette a dit tout à l’heure à Suzanne. Espérons que tu n’auras pas perdu pour attendre et que rien ne viendra plus troubler ton bonheur. Je ne sais pas si Mme Engelson reviendra, mais je te promets de lui faire chez moi ou chez toi l’accueil aimable et poli qui ne laisse prise ni à la rancune ni à l‘amitié [2]. C’est tout ce que je peux faire pour cette personne que je connais peut-être trop, peut-être pas assez. Cela dit, je passe à un autre ordre d’idées qui me plaît davantage. Je t’aime. J’ai été bien contente ce matin quanda on m’a dit que tu avais passé une très bonne nuit et Petite Jeanne de même. Quant à moi, qui comptais sur l’effet de mon bain pour dormir comme une soupe, j’ai été bien attrapéeb de passer la nuit blanche.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 186
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « quant ».