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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 mars 1870

Guernesey, 28 mars [18]70, lundi matin, 7 h. ½

Je serais bien contente, mon cher bien-aimé, si tu as bien dormi et si tu m’aimes comme je t’aime, de tout ton cher grand cœur. Quelles seront les nouvelles aujourd’hui ? « Chi lo sa » [1] ? À en juger par le temps elles doivent être assez grises et rébarbatives, fussent-elles ponctuées, comme d’habitude, de beaucoup de RÉVOLVERS ARMORIÉS. C’est devenu une routine maintenant. Mais c’est assez parlé de POLITIQUE, j’aime mieux autre chose. Il paraît que les fameuses collations tant promises et désirées me passeront devant l’aquilin [2], cette fois encore, votre habitude n’étant pas de faire collationner vos VERS ce qui, par parenthèse, est assez imprudent de votre part, sans compter le chagrin que j’en éprouve. Enfin il n’y a plus rien pour moi depuis que votre petite belle-sœur [3] tient la plume pour vous. C’est assez vilain de votre part de m’avoir dépossédée aussi entièrement de votre confiance, c’est-à-dire de mon bonheur sans même en éprouver le moindre regret. Et je vous adore tout de même !

BnF, Mss, NAF 16391, f. 88
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1« Chi lo sa » (italien) : Qui le sait ?

[2Passer devant l’aquilin : passer devant le nez.

[3Julie Chenay, jeune belle-sœur de Victor Hugo, lui sert elle aussi de copiste. La vue de Juliette baissant, il fait de moins en moins appel à ses services.

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