4 mars 1870

Guernesey, 4 mars [18]70, vendredi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, quel temps ! Pourvu qu’il ne t’ait pas empêché de dormir et que tu n’aies pas trop souffert, je lui pardonne sa méchanceté envers moi. Quelle pluie ! Mais où il n’y avait pas la plus petite goutte pour rire je t’assure. Sans compter mon rhume qui me force à tenir la bouche ouverte. Heureusement que ce n’est pas la saison des mouches car j’en goberais indéfiniment. À ce sujet que devient la cocotte [1] de Mariette ? J’espère que la pomme cuite lui aura fait du bien autrement je cours risque de passer pour une charlatane ce qui m’humilierait. Autre guitare : de l’argent, de l’argent, de l’argent SANS CELA pas de marché demain. Lundi mois de gages d’ Henriette et blanchisseuse. Tirez-moi de là comme vous pourrez. En attendant je mouche, je bisque, je rage et je vous éternue tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 64
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette