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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 août 1860, mardi soir, 8 h.

Il n’y a rien de plus affairé que les gens qui par profession ne font rien, mon cher adoré, j’en suis un exemple ridicule trop souvent. J’étais levée avant six heures ce matin ce qui ne m’empêche pas de t’écrire au galop à huit heures du soir comme si j’avais eu à mener les douze travaux mythologiques à mener à bonne fin tandis qu’en réalité je n’ai rien fait que mon ménage à fond et préparer mon linge pour la blanchisseuse demain. Tout cela ne serait rien si j’avais de meilleures jambes et de bons yeux mais cela me prend ou me perd ma journée, comme tu voudras, à des riens qui vaillent. Aussi j’en suis toute triste. Je sens que je m’enfonce de plus en plus dans la manie et j’en ai honte et regret. Au lieu d’insister comme je le fais sur des détails insignifiants après tout dans l’ordre intérieur de ma maison je ferais bien mieux de m’occuper un peu plus de ma personne et de mon esprit que je délaisse un peu trop. Je ferais bien mieux surtout, par-dessus tout, de satisfaire mon cœur dès le matin et à tous les instants de la journée en te donnant ma pauvre petite restitus en ouvrant les yeux et en la répétant et en la multipliant jusqu’au moment de dormir. Cela me ferait plus de plaisir et ne serait pas plus bête que toutes mes autres occupations. Qu’en penses-tu ? En attendant ta réponse je te baise depuis tout jusqu’à l’infini.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 219
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

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