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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 janvier [1836], dimanche matin, 10 h.

Bonjour mon cher adoré, comment vont tes yeux et tes pauvres petits boyaux ce matin ? Je viens de faire le plus vilain rêve de jalousie qu’ila soit possible de faire. J’en suis encore toute malade. J’ai bien besoin de vous voir, mon cher petit Toto, il y a bien longtemps que vous ne me donnez ce bonheur-là que bien fugitivement. Tâchez donc, mon cher adoré, de venir très tôt aujourd’hui et de rester très tard. Vous verrez comme ce procédé me remettra du cœur au ventre, comme je serai forte, bien portante et gaie. Mon chéri, mon Toto, mon bien-aimé, tâche de prendre un peu sur tes affaires pour le bonheur, nous ne serons jamais heureux plus jeunes, ainsi profitons-en donc. Vous étiez bien beau hier en vous regardant, mais vous étiez bien grand et bien noble en vous écoutant. J’aurais voulu être tout un monde pour vous admirer, mais je voudrais être seule à vous aimer parce que j’ai une âme capable de vous défrayer de tous les amours de toutes les femmes.
Mon cher petit bien-aimé, ma joie, mon amour, soigne-toi bien, pense à moi et aime-moi : tu n’auras pas affaire à une ingrate, je t’assure.
Mon chéri, je t’espère, je t’attends, je te baise, viens le plus tôt possible et prends bien garde à tes petits boyaux que je voudrais guérir avec mes baisers.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 53-54
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « qui ».


31 janvier [1836], dimanche soir, 8 h. 20 m.

Mon cher petit bijou, si vous venez très tôt ce soir, je vous donnerai une bonne petite prime dont vous vous LÉCHEREZ les doigts.
Mon cher petit homme adoré, je ne t’ai jamais autant désiré que ce soir ; toutes mes facultés, toutes mes pensées sont tournées vers toi. Mon cher petit Toto chéri, vous voyez bien qu’il est très urgent que vous veniez de bonne heure ce soir.
Nous venons de dîner. Tout à l’heure je laverai ma vaisselle mais je ne ferai pas mes comptes ce soir, parce que j’ai trop mal à la tête et qu’après tout, il t’est indifférent d’avoir ta fin de mois un jour plus tôt, un jour plus tard.
Bonjour. Comment que ça va grand Taquin et [illis.]. Bonsoir mon chéri. Je ne veux pas aller au spectacle. Je veux aller me coucher avec vous. Si vous ne venez pas ce soir, je suis capable de me porter à tous les excès sur ma personne. D’abord je suis très en traina de me faire du chagrin et puis je suis très disposée à être JALOUSE. Mon cher petit homme chéri, vous pourriez en venant tôt tôt emporter et dissiper tous ces nuages gris et noirs qui obscurcissent mon ciel.
Bonjour, bonjour, mon cher petit bonhomme –, bonjour mon vieux Toto, je vous baise les pieds, les mains, la bouche, les yeux, les cheveux et le reste. Je vous aime qu’on vous dit.
Je n’ai pas mangé le plus petit morceau de vous depuis lundi, aussi j’ai bien faim.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 55-56
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « entrain ».

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