Guernesey, 8 novembre [18]68, dimanche, 5 h. ½ du soir
Voilà une belle heure pour te donner mon bonjour ! Mais heureusement qu’il n’est jamais trop tard pour te dire : je t’aime. Ce matin j’avais si mal à la tête que je suis restée comme hébétée dans mon lit jusqu’à l’heure de la messe de Suzanne qui m’a donné une tasse de thé avant de partir. Puis je me suis levée et je me suis mise à raccommoder diverses choses pour la blanchisseuse demain, ce qui, DE FIL EN AIGUILLE, m’a conduite jusqu’à quatre heures. Je me suis débarbouillée et peignée avec le reste du jour et me voilà maintenant griffouillant à la lumière dare-darea pour ne pas me laisser surprendre par toi en conversation criminelle avec ton cœur. Je me hâte de lui donner pêle-mêle tout ce que j’ai dans le mien : amour, admiration et adoration.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 307
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « dar, dar ».