Guernesey, 15 janvier [18]70, samedi, 7 h. ¾
Bonjour mon ineffable grand bien-aimé, bonjour, je t’adore. J’ai passé une meilleure nuit que je ne pensais. Et quoi qu’encore assez patraque ce matin je vais bien. J’espère que de ton côté, mon cher petit homme, tu vas de mieux en mieux et que tu as dormi comme une soupe toute la nuit. Puisque nous devons passera notre soirée tête-à-tête aujourd’hui, je te propose d’achever la lecture de la brochure de ton père et d’autres encore si tu veux, car elle est très courte et déjà à moitié lue. Je veux que tu ne t’aperçoives pas trop de l’absence de Mme Chenay ce soir ni de celle du citoyen Kesler [1]. Pour cela je ferai le possible et l’impossible autant que tu voudras et comme tu voudras. Quant à moi, plus je suis près de toi et rien qu’avec toi je ne désire rien au monde que de te sentir heureux. Je m’explique mal mais je tu me comprends, n’est-ce pas mon cher grand adoré.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 16
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « passé ».