Guernesey, 25 juillet [18]68, samedi, 7 h. du m[atin]
Je sais que tu viens de te lever, mon adoré, mais cela ne me dit pas si tu as bien dormi, si ton pauvre œil va mieux et si tu m’aimes. Dans le doute, je veux croire que tout est comme je l’espère, comme je le souhaite et comme je le désire. Moi je t’adore, je me porte comme un Turc et j’ai dormi comme un noir. Je vais prendre un bain tout à l’heure. Quant au temps, je ne sais qu’en penser vu que je ne m’y connais pas. Mais tu es là pour trancher toutes les questions. Maintenant que le voyage est tiré, je crois que le mieux est de le boire et même de le déboire, s’il y a lieu, le plus tôt possible. Je suis prête à tout ce que tu décideras. J’espère que Marie ne rendra pas la vie trop dure à la petite Thérèse [1] mais je crois que tu feras bien de lui en dire deux mots. En attendant, mon cher adoré, tâche d’avoir passé une très bonne nuit, de te porter très bien et de m’aimer jusqu’aux étoiles.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 206
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette