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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 août 1840

5 août [1840], mercredi soir, 7 h.

Quoi quea vous en disiez et surtout à cause que vous en disiez, mon Toto, je vous crois à Saint-Prix [1]. Je ne regretterai pas mes dix sous et même je suis prête à en ajouter encore dix autres et tout ce qu’il y a avec pour me tromper ce soir dans mon pressentiment. Je ne t’ai pas écrit plus tôtb parce que je me suis peignée à fond, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps, ensuite ma pendule avance de près d’une heure. Cela ne m’empêche pas, mon amour, de penser toujours à vous et de vous désirer avec fureur. Je suis bien aise que l’affaire des livres soit enfin [emmanchée  ?], quoiqu’il soit peu probable qu’on puisse les faire pour dimanche. Mais l’important est fait et c’est tout ce qui faut. Je te remercie mille fois, mon pauvre Toto, de l’ennui et de l’importunité que tu as supportésc avec ta douceur habituelle à ce sujet. Tu es mon Toto bien-aimé dont je baise les petits pieds. Jour Toto, papa est bien i. Ne sois pas à Saint-Prix, mon amour, tâche de n’y pas être et je serai bien heureuse ce soir. D’ailleurs il fait trop chaud pour se risquer sur la route dans la poussière et dans la fournaise ardente qui en font sond plus bel ornement. Et puis je t’ai à peine vu hier à cause de ton dîner chez Cousin, c’est bien le moins que tu me rabiboches ce soir. Hélas ! j’ai bien peur d’en être pour mes frais de souhaits et d’espoirs inutiles. Tu es parti et bien parti et tout ce que je puis espérer de plus raisonnable c’est de te revoir demain de midi à une heure. En conséquence tu me permets d’être aussi triste que je le voudrai et de faire voler ma mouche noire à tire-larigote. Si je n’avais pas craint de t’inquiéter tantôt je te l’aurais montrée sur le quai et sur le Pont-Neuf qui me harcelait la vue mais quand je suis heureuse je garde ces choses-là pour moi sans en faire part à mon cher adoré que j’aime plus que la vie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 75-76
Transcription de Chantal Brière

a) « Quoique ».
b) « plutôt ».
c) « supporté ».
d) « sont ».
e) « tirelarigo ».

Notes

[1La famille Hugo s’est installée au château de la Terrasse à Saint-Prix pour l’été.

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