Paris, 26a juin [18]74, vendredi soir
Pas de chance, mon cher bien-aimé, car j’ai manqué le bonheur de sortir avec toi, sans m’en douter, comme une grosse bête que je suis. Cette déconvenue serait devenue un vrai chagrin pour moi, si tu ne t’étais pas hâté de me prouver que toute la bévue venait de moi seule et que, dans cette affaire, tu ne méritais aucun reproche, au contraire. Cela étant prouvé, prouvé, prouvé, je ressens une joie folle d’en être quitte encore cette fois pour la peur. Merci, mon grand bien-aimé, merci de ton exquise bonté, de ton angélique patience, merci surtout de m’aimer avec tout ton cœur, fidèlement et honnêtement comme je t’aime. Je t’adore, je te souris, je te divinise et je te bénis. Je baise ton front, ta bouche, tes ailes, tes mains, tes pieds et le reste.
BnF, Mss, NAF 16395, f. 120
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « 6 » a été ajouté au-dessus du « 5 » de « 25 juin », d’une autre main.