8 novembre 1837

8 novembre [1837], mercredi matin, 9 h. ½

Bonjour cher petit homme adoré, bonjour. Je vous attendais si bien cette nuit dans mon bon lit chaud que j’ai été bien attrapée ce matin en ne vous y trouvant pas. Vous êtes cause que j’ai un mal de tête fou et que si je n’avais pas craint que vous ne vinssiez me chercher pour aller au bois aujourd’hui, je ne me serais pas levée tant je souffre. J’ai relu encore votre réplique [1]. Elle est [illis.]^a. C’est moi que j’aurais pas voulu [2] la recevoir sur le nez. C’est fièrement amusant toujours, et quoi qu’il arrive cela restera toujours très amusant. À propos, vous m’avez joliment dit des inepties cette nuit. Il paraît que vous gardez tout votre esprit pour le tribunal de commerce [3] ? C’est gentil, voime, voime, fort gentil. Si jamais ça vous arrive encore je vous ficherai des coups. En attendant je vous baise comme si vous étiez le plus charmant des amoureux et je vous désire comme si vous étiez le plus amoureux des amants, ce qui n’est pas encore. Et puis je vous aime en dépit de tout et par-dessus tout.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16332, f. 29-30
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) Les premières lettres du mot ne font aucun doute, mais les suivantes ne permettent pas de déchiffrer ce qui semble être un jeu de mots formé à partir de « soignée » : « soignelurée », soignehuée », voire « soignéééée » font partie des multiples lectures possibles.